860 marins valent-ils plus que 880 salariés de la Société Générale ?

62

Depuis quelques mois, voire quelques années pour certains groupes, les plans de licenciement se suivent et se ressemblent. Rassemblant ici 500 personnes, là un millier voir plus dans l’univers industriel. Chaque annonce est suivie de la même litanie syndicale, salariale, gouvernementale, politique. Le long cortège des « yaka » se met en route. Vers où ?

Derrière les chiffres, on oublie souvent le drame humain, celui du quotidien qui passe par le boulanger, la facture EDF, l’école du petit, la fac du plus grand… Pour les « liquidés professionnellement », se reclasser, que ce soit dans le travel management ou les achats, reste une gageure. Si l’on en croit les indices fournis par l’Insee et pôle emploi, les fonctions achats ne sont plus aujourd’hui réservées aux têtes blanches, pétries d’expérience, mais confiées à de jeunes cadres aux dents longues. L’expérience n’a pas de valeur, seule l’agressivité compte. C’est le scalp du vendeur, tondu jusqu’à l’extrême, qui a de la valeur. Les dernières heures du feuilleton SeaFrance ont vu le monde politique et économique se pencher sur le berceau de la filiale maritime de la SNCF. Personne n’a autant travaillé à comprendre la peur et la tristesse des salariés de la Société générale qui perdront leur emploi. Pas une voix pour évoquer les crises de la pétrochimie française ou celle d’Honeywell en Bretagne, sans oublier celle qui s’annonce chez Alcatel Lucent ou Photowatt en Isère. Il faudrait des pages plus vastes pour les citer toutes. Il ne m’appartient pas de commenter le bien-fondé ou non des décisions prises. Je ne connais ni les faits, ni le fond du dossier. Je m’étonne seulement que plus de 36 millions d’Euros soient aussi vite débloqués par la SNCF à 100 jours des élections. Malheurs aux salariés licenciés le 7 mai 2012, au lendemain du vote pour la Présidentielle, personne ne s’occupera d’eux !

Pourtant, à notre niveau chacun peut intervenir. Les associations peuvent ainsi anticiper les changements et préparer la reconversion des futurs chômeurs du travel management. Il faut les accompagner, les aider à se remettre en route, à devenir plus affutés, mieux aguerris face aux nouvelles contraintes des marchés. Je pense à l’AFTM, qui a réussi une très brillante soirée en décembre dernier et pourrait utiliser en 2012 les mêmes sommes dépensées lors de la fête de 2011 dans un vaste plan de réhabilitation des talents. C’est notre mission à tous de créer un groupe actif au service de l’emploi et de la vie. Aux côtés de toutes les bonnes volontés, je ne doute pas que l’on puisse créer un fond de soutien aux professionnels du voyage d’affaires. A notre niveau, nous avons pris la décision de publier gratuitement les CV de celles et ceux qui sont à la recherche d’un travail dans notre secteur d'activité. Nous offrirons à ceux qui sont à la recherche d’un emploi dans le travel management des places dans les différentes formations que nous organisons. A tous, nous demandons d’être un maillon de cette solidarité naturelle qui doit se mettre en place au sein d’une profession. Il ne s'agit pas de corporatisme mais d’humanisme. Tout simplement.

Marcel Lévy