À Dubaï, qui veut la peau d’Internet ?

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Depuis le 3 décembre dernier et jusqu'au 14 décembre prochain, l'Union Internationale des Télécommunications tient sa conférence à Dubaï. Au programme, une seule question : comment organiser la nouvelle gouvernance du net. L'UIT, qui dépend de l'ONU, souhaite repenser le règlement des télécommunications internationales dont la dernière révision date de 1988, largement avant l'extraordinaire développement d'Internet dans le monde.

Deux mondes s'affrontent à Dubaï. Le premier, très libéral, sous influence américaine, veut que l'Internet reste en liberté "surveillée" mais non limitée afin que le réseau ne soit pas une zone de non-droit où viendraient s'exprimer des terroristes de tous poils.
Le second, où l'on retrouve, entre autres, russes et chinois, voudrait se passer de la suprématie de de l'Icann, l'organisme américain chargé des noms de domaine et qui tire de substantielles revenues et royalties de cette activité.
Au final, c'est la distribution même du net qui s'oppose. Pour les Etats Unis, internet doit être accessible partout, tout le temps et à faible coût. Une vision que ne partagent pas les opposants à cette vision libérale. Google n'a pas caché sa volonté de devenir le premier opérateur "gratuit" d'un internet urbain accessible aisément. Les expériences de Philadelphie, de la Mairie de Paris ou de Los Angeles notamment, démontrent que l'accès au réseau est devenu presque aussi important que l'air et l'eau. Pour les voyageurs d'affaires, c'est même le lien indispensable pour la gestion de leurs affaires.
Mais au delà de la bataille philosophique, Dubaï fait soigneusement l'impasse sur le coût de l'internet. Certes le vieux principe de l'utilisateur payeur reste, pour l'instant le seul dénominateur commun partagé par tous. Mais dans le cadre d'un internet urbain gratuit, la question est posée. Et la réponse n'est pas facile à trouver. Publicités, subventions municipales, sponsoring discret... Bref, toutes les pistes sont analysées. Seule certitude, payer quelques dollars pour être connecté en permanence n'effraie pas les utilisateurs. C'est ce que Microsoft n'a pas manqué de rappeler. Preuve que le bon sens est heureusement présent à cette conférence.

Philippe Lantris