À chacun sa grève et les avions comme les trains seront bien gardés.

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La grève de British Airways est terminée mais menace de reprendre du 27 au 30 mars prochains. En même temps qu’Air France, où deux syndicats ont déposé un préavis qui court à partir du 28. Au total 9 compagnies européennes sont au bord ou en cours de mouvement social, et en France c’est le train […]

La grève de British Airways est terminée mais menace de reprendre du 27 au 30 mars prochains. En même temps qu'Air France, où deux syndicats ont déposé un préavis qui court à partir du 28. Au total 9 compagnies européennes sont au bord ou en cours de mouvement social, et en France c'est le train qui arrête ou cahote aujourd'hui, transformant le parcours du voyageur d'affaires en course d'obstacles.
On a beau dire, rien ne vaut la valeur de l'exemple. J'illustre : les pilotes de Lufthansa menacent de faire grève puis débutent leur mouvement, qu'ils suspendent et finalement menacent de reprendre… Conséquence directe : les personnels de British Airways, de la TAP, de Germanwing ou de Swiss se demandent si un bon «lock out» un peu solide ne ferait pas plier les directions. Chez nous, habitués que nous sommes à gérer des conflits de toutes sortes, nos voisins européens font franchement p’tits bras. À raison d'une bonne grève par mois, les Français sont désormais rodés au système D qui consiste à éviter les ennuis, pour ne pas dire pire, pendant 24 ou 48 heures. Quoi qu'on en pense, on est finalement bien rôdés aux différents « cacas nerveux sociaux », légitimes ou non, que veulent bien nous pondre les professionnels du transport de masse.

Et encore, ça s'arrange. Il y a deux ans on faisait grève au cas où ! Juste pour dire que si l'on envisageait de, ce serait la fin des haricots. Aujourd'hui, on est plus sérieux. On fait grève pour dénoncer tel ou tel système, tel ou tel dysfonctionnement ou pour demander des avantages ou des meilleures conditions de travail. Il rste que ces mouvements sociaux qui se profilent dans nombre de compagnies européennes ou ferroviaires marque incontestablement la fin d'une époque. Les seigneurs des airs, aux uniformes impeccables et aux galons brillants sont désormais bousculés par une économie faiblissante aux couleurs pâlichonnes. Idem pour les cheminots ou les machinistes de la RATP. Comme le disait avec humour le regretté Coluche, «Les diamants qu’on a piqué hier doivent être rendus aujourd'hui». Peut-on raisonnablement imaginer une hausse permanente des salaires dans un contexte de réduction sensible des coûts de production ? Peut-on envisager, à une époque où le prix est devenu l'arme essentielle du consommateur, que les tarifs aériens augmentent dans le seul but d'améliorer les rémunérations de telle ou telle catégorie de personnel ?. Il n'y a rien de politique dans cette question. Juste de la logique et du bon sens. Aujourd'hui, dans l'immense marasme du transport aérien à l'avenir encore sombre, il faudra bien trouver des solutions pour éviter de voir les compagnies s'arrêter les unes après les autres. Personne ne remet en cause le savoir et l’énorme responsabilité d’un commandant de bord, d’un conducteur de TGV ou de métro. Mais où commence le légitime travail de « citoyen responsable » et où finit l’intérêt corporatiste ? Que dire aux professionnels du transport ferroviaire ? On pourrait bien sûr reprendre le couplet démagogique qui veut les présenter comme des privilégiés. Sans doute y a-t-il un peu de vrai dans cette affirmation mais elle ne suffit pas à justifier et à expliquer les efforts que la vieille dame devra faire pour se développer et ne pas, elle aussi, vivre en permanence au-dessus de ses moyens.
Désormais l’Europe du transport aérien et ferroviaire devra travailler à sa communication sociale. Expliquer que le « toujours plus » ne peut servir de mesure économique. C’est tout l’enjeu du dialogue qui s’est engagé.

Marcel Lévy