A quoi joue British Airways ?

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Surprenante, cette info émanant de l’ELFAA (European Low Fares Airline Association) : l’Association des compagnies low cost annonce compter désormais dans ses rangs le mastodonte IAG. L’adhésion de British Airways, Iberia et Iberia Express est à effet immédiat. Ah bon, British est une low cost ?

L’ELFAA compte désormais douze transporteurs. Outre les quatre du groupe IAG, s’y trouvaient déjà easyJet, Ryanair, Flybe, Jet2.com, Norwegian, Transavia, Volotea et Wizz Air. Que l’association prenne l’adhésion de Iberia Express et Vueling, pourquoi pas. On peut tout de même être surpris de la voir intégrer British et Iberia.

Plus on est de fous, plus on rit, c’est certain. Et vu le poids de BA, on peut comprendre que l’Association trouve que cela lui donne une certaine allure. Mais voir British aux côtés d’EasyJet et Ryanair, cela ne manque pas de piquant puisqu’il y a maintenant trois décennies que la vieille compagnie britannique a abandonné de bon cœur tout son domestique aux low-cost. Savait-elle à quel point elles en tireraient leur insolente prospérité, c’est difficile à savoir. Mais sans doute l’ancêtre ne mesurait-il pas l’explosion du modèle économique qui a suivi.

En tous cas, BA étant loin d’être une low-cost, cette adhésion ne manque pas de surprendre. Il y a bien sûr, après avoir quitté l’AEA   (Association of European Airlines), la nécessité de se donner de la visibilité. Dont acte. C’est sans doute aussi la volonté de poursuivre un certain lobbying en faveur de l’hyper libéralisme : c’est parce qu’elle jugeait trop protectionniste l’attitude des autres compagnies membres, notamment envers les compagnies du Golfe, qu’IAG a quitté l’AEA. De là à se ranger aux côtés de compagnies qui ont un modèle économique si différent du sien, il y a tout de même de quoi surprendre.

Willy Walsh, le patron de BA, joue avec le feu ! En s’attribuant une place qu’il n’a pas, il va conduire ses partenaires professionnels à plus de pressions sur les prix. Cette pression, elle a déjà commencé sur le transatlantique et risque bien de se poursuivre sur l’Asie ou le Moyen Orient. Croire que flatter les compagnies du Golfe est une stratégie payante est une fausse bonne idée. BA va vite s’en rendre compte. Quant à cette idée de se ranger du côté des low-cost, est-ce une envie de délivrer un message fort, type « le low cost est l’avenir de l’aérien ? ». Il y a en tous cas de quoi semer le doute et l’incompréhension chez les salariés… comme chez les clients.

Hélène Retout