AFTM, du rififi au sein du bureau

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La vie associative est loin d’être un long fleuve tranquille. La preuve au sein même du bureau de l’AFTM, où les grandes manœuvres pour 2017 et le poste de Président viennent de commencer. Au centre de la bataille, une certaine idée du pouvoir non dénuée d’arrières-pensées, loin d’être toutes politiques.

Dans un an, Michel Dieleman, actuel Président de l’AFTM et cheville ouvrière de l’association, devra quitter la direction de l’AFTM. En place depuis la création de l'AFTM en 2008, régulièrement renouvelé, son poste vient à échéance en 2016. D’ici là, la prochain Assemble Générale aura à renouveler au moins 3 membres démissionnaires de l’actuel bureau et devra repenser la stratégie pour les années à venir.
 
A l’occasion d’une réunion de travail du bureau en mars dernier, sur le thème de l’évolution de l’AFTM, suivie quelques jours après d’un CA ordinaire, plusieurs voix se sont faites entendre pour reprocher un pouvoir trop centralisé à l’actuel Président, accusé de "décider seul de ce que fait l’association". Des propos qui mettent également en cause son départ d’Orange et de fait une retraite qui "l’éloignerait des évolutions permanentes dans un métier en pleine mutation".
 
Selon nos sources, c'est Jérôme Drevon Barreaux - qui a quitté AXA il y a quelques semaines - qui serait l’un des membres les plus virulents sur ce qu’il considère comme les dysfonctionnements de l’association. Parmi les reproches formulés, l’absence d’information sur les grandes décisions de l’AFTM, la relative transparence du budget même si les chiffres sont publics ou le rôle du Délégué Général, Thibaut Barat, qui a su donner du souffle à l’image générale de l’AFTM et de la crédibilité à son action. Rien de neuf : la très classique opposition entre le politique et l’exécutif.

De fait, il y aurait aujourd’hui deux clans au sein du bureau, celui en faveur d’une Présidence rajeunie et collégiale et un autre plus favorable à un minimum de changement puisque selon la formule, "on ne change pas une équipe qui gagne". Presque une querelle des anciens et des modernes sauf que là, des enjeux personnels sont présents. L’Association doit anticiper l’avenir du travel management mais aussi poursuivre sa professionnalisation, faute de devenir un club de village. Seule condition de la réussite, un positionnement clair de l’opérationnel et du politique. Facile à dire, complexe à trouver.
 
On l’aura compris, derrière toutes les manœuvres engagées, il y a une bataille de pouvoir, sans doute exacerbée par la volonté de retrouver un emploi dans l’univers du travel management pour les uns ou de développer une image professionnelle pour les autres. A cette heure, il y a donc plusieurs candidats potentiels pour le poste de Président. Le premier, Claude Lelièvre, aujourd’hui chez Tecnip, légitime Vice-Président et héritier naturel de la direction de l’AFTM, ne s’est pas encore manifesté. Michel Roncka, acheteur voyages chez RTE, n’a jamais caché son désir de postuler. Pour lui, c’est avant tout la volonté d’être utile qui prime. Jérôme Drevon Barreaux devrait naturellement se présenter, le fera-t-il pour autant? Rien n’est sûr d’autant que les fournisseurs ne sont pas favorables à cette candidature. Plusieurs ont déjà exprimé leur opposition voire leur départ annoncé si cette hypothèse se confirmait. Dangereux, car désormais les sponsors sont indispensables au fonctionnement économique de la structure.
 
C’est aussi cette vision commerciale de l’AFTM qui gêne certains membres du bureau. L’instigateur économique, Serge Bacchus, a quitté l’association par envie de faire autre chose. Il a toujours été prudent sur la place des financiers dans l’association. Cette approche économique du sponsoring, qui conduit 34 des 50 événements associatifs annuels à être pilotés par des fournisseurs, ne fait plus l’unanimité. Plusieurs, au bureau, souhaitent un retour à plus d’indépendance.
Idem pour l’activité formation aux faibles résultats, assurée quasi exclusivement par une seule structure, qui devrait pourtant s’ouvrir à toutes les forces vives du savoir. Pression interne de plusieurs membres du bureau sur les choix des opérateurs ? Là aussi le débat monte en puissance.
 
Enfin que feront les vieux routiers du Travel management ? Abdelaziz Bougja (Veolia) ne souhaite pas monter au créneau et ne le fera que si la majorité du bureau le souhaite. Quant aux autres, ils ne se manifestent pas, du moins pas encore.
 
Interrogé sur ces sujets, Michel Dieleman n’en a pas la même lecture. Sans doute l’expression d’une de ses grandes qualités, la volonté de trouver le consensus absolu.  Face à la bronca qui se manifeste, il oppose (à juste titre) les instances mêmes de l’AFTM, ses statuts et son règlement intérieur. Autant de points qui le font regarder cette crise naissante sans inquiétude. Est-ce bien réaliste ? Sans doute pas, si la crise s’extériorise et prend trop de place dans le quotidien. Mais le Président de l’AFTM reste lucide, du moins pour l’heure. Pas question de considérer sa retraite comme un handicap et d’évoquer des demandes pressantes de très grandes entreprises pour qu’il reprenne du service. "Nous avons créé des groupes de travail pour étudier tous ces points", explique-t-il serein. Comme le disait Clémenceau: "Une commission, c’est comme un enterrement sauf que tous les participants sont souriants".

Marcel Lévy