Accident de Brétigny: la SNCF aurait guidé les témoins, selon le Canard enchaîné

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Après l'accident de Brétigny survenu en juillet 2013, la SNCF a multiplié les communiqués et les conférences pour détailler et expliquer les circonstances du drame. Cette communication de crise millimétrée aurait-elle conduit la compagnie ferroviaire à guider les dires des témoins interrogés par la justice ? Oui, selon le Canard Enchaîné. Le journal assure que la direction de la SNCF a dicté le témoignage des salariés entendus dans le cadre de l'enquête sur le déraillement.

Dans son édition du 27 janvier 2016, le Canard Enchaîné assure que "la SNCF a tout fait pour manipuler l'enquête conduite" sur l'accident du Paris-Limoge qui a fait 7 mort en juillet 2013. Ayant eu accès à de "nombreuses pièces de l'enquête", dont des écoutes téléphoniques, le journal soutient que certains témoins ont tenu un double langage. Par exemple, un cadre avait dit lors d'une conversation téléphonique interceptée "Brétigny, c’est des crevards. Faut tous les foutre dehors !". Il a fait preuve d'un langage plus nuancé lors de son audition indiquant simplement aux juges qu'il ne savait pas si les travaux de maintenance avaient été correctement menés.

Les salariés de la compagnie ferroviaire auraient en fait été briefés par le service juridique de l'entreprise avant d'être entendus par la justice. Selon le journal, une cadre du servie juridique de la SNCF aurait ainsi dit à un cheminot "Moi, je t’invite à ne rien apporter (aux policiers)... Tu viens avec rien... Il faut attendre leurs demandes". Les employés auraient également rencontré ce service après leur audition.

La SNCF a réagi à ces soupçons dans un communiqué: "La direction juridique de SNCF (…) défend et accompagne ses salariés lorsqu’ils sont mis en cause dans l’exercice de leur fonction. C’est le cas pour l’instruction concernant l’accident de Brétigny" mais elle assure que "Les salariés auditionnés par les juges sont totalement libres de leurs propos". L'entreprise refuse de commenter plus en détail un article basé sur des "documents (…) couverts par le secret de l’instruction".