Aigle Azur abandonne Moscou et Pékin pour se recentrer sur l’Afrique

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Lors de la présentation des résultats de l'exercice financier 2013-2014, Aigle Azur avait confirmé l’arrêt de la ligne Paris-Moscou, dont les performances ont été mises à mal entre autres par la crise ukrainienne. Un autre projet de la compagnie devient une victime des relations tendues avec la Russie : la desserte de Pékin. Lors de la présentation du plan de retour à l'équilibre de l'entreprise, Cédric Pastour, Président-Directeur Général, a annoncé l'abandon du projet.

Aigle Azur est une nouvelle fois dans le rouge : ses pertes s'élèvent à 7,6 millions d'euros pour son exercice 2013-2014. La compagnie met donc en place un plan de redressement avec pour objectif d'atteindre l'équilibre financier au 31 mars 2016. Premier point de ce programme : l'arrêt de la desserte de Moscou dès le 26 octobre 2014. La ligne qui montrait déjà des difficultés, a été touchée de plein fouet par la crise ukrainienne et la dévaluation du rouble. Si Cédric Pastour, Président-Directeur Général de la compagnie, ne rejette pas l'idée de revenir un jour en Russie, il confie «Je ne vois pas de perspective de reprise à très court terme» rappelant que les visas freinent également les déplacements vers cette destination.
Les tensions entre l'Europe et la Russie stoppent aussi son projet de liaison Paris – Pékin. La compagnie n'a pas obtenu l'autorisation de survol de la Russie. Cédric Pastour explique que «La situation est à ce jour totalement bloquée». Le dossier ne sera pas rouvert «tant qu'il n'y aura pas une réunion bilatérale entre la France et la Russie pour savoir quelle route peut être empruntée par Aigle Azur», ajoute-t-il.

Développement du long-courrier
Malgré ces difficultés, la société n’abandonne pas ses ambitions long-courriers. Elle envisage de se poser à Hong Kong où son partenaire HNA possède une filiale Hong Kong Airlines. Mais des projets plus concrets la mènent surtout à regarder vers l'Afrique. «Aigle Azur travaille actuellement sur un projet de redéploiement de son activité long-courrier qui pourrait être annoncé mi 2015 et qui mettrait en avant des destinations africaines avec comme première destination Bamako, exploitée par la compagnie depuis 2007», précise également Cédric Pastour. Les autres dessertes africaines ne filtreront pas pour le moment. La compagnie se fait mystérieuse car elle sera «en concurrence frontale avec Air France» sur plusieurs aéroports. La bataille pourrait débuter lors du programme été 2016. Le patron d'Aigle Azur avance que les premières ouvertures pourraient avoir lieu selon un «calendrier raisonnable et atteignable» en avril 2016. On sait qu'elle a desservi Ouagadougou, capitale du Burkina Fasso. Un retour serait-il possible? La Côte d'Ivoire, très chouchoutée par Air France mais dont les compagnies locales ont des difficultés, ou encore le Sénégal, déjà très concurrentiel ?

L'entreprise doit en tous cas résoudre un autre problème avant de lancer son développement long-courriers. Elle doit renégocier les accords collectifs de ses équipages afin de simplifier la réglementation, prendre en compte l'activité long-courriers et améliorer la productivité. Les dernières négociations avec les pilotes en mai dernier avaient échoué. Mais le patron est confiant de parvenir à une entente cette fois-ci «Depuis mai, les salariés ont pris conscience qu'on ne peut pas rester enfermé dans les anciens règlements et qu'il est nécessaire de se transformer pour se diversifier».

Une hausse des fréquences vers Alger
Le transporteur ne compte pas uniquement sur une amélioration de la productivité de ses employés pour revenir dans le vert. Il prévoit aussi d'augmenter le nombre d'heures de vol par avion dès avril 2015. Il a ainsi revu son programme pour gagner 10 % de productivité. Ce gain ne se traduira pas par de nouvelles destinations court et moyen-courriers mais par une hausse des fréquences. Les voyageurs d'affaires se verront notamment proposer plus de vols entre Alger et Paris ou Lille, ou encore sur Lille – Oran. Toute à sa restructuration, Aigle Azur n'oublie pas ses passagers. Désireuse de faciliter leurs déplacements, elle va travailler sur ses services mobiles, son site BtoC et diversifier ses options de pré-réservation (achat de bagages supplémentaires).