Air Algérie : la mauvaise politique de l’autruche

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"Il faut du courage pour affronter la réalité des faits et le dire à ses clients", évoquait Howard Hughes qui parlait de TWA et des premières difficultés techniques rencontrées par la compagnie dans les années 50. Une phrase que pourrait longuement méditer Air Algérie qui se contente d'un silence pesant comme réponse à ses clients. Pas un mot sur le site internet français. Pas une information officielle... Pas même une excuse ! Du pain béni pour Air France et Aigle Azur qui se sont démenées pour faire avancer les choses ! Gageons que les clients sauront s'en souvenir.

Il y aura donc deux approches de la crise. La moderne, qui essaye de faire front et d'avancer avec les clients et celle, plus rétrograde pour ne pas dire passéiste, d'une compagnie empêtrée dans des problèmes politico-syndicaux, incapable de faire évoluer une vision encore stalinienne des conflits sociaux. On se demande si le printemps arabe n'a pas oublié dans son escarcelle de penser aux transports internationaux, clés de voute des échanges entre les peuples et les cultures.
En fait, le problème rencontré tient plus du marketing que de la simple analyse politique. Affronter, c'est montrer à ceux qui vous font confiance que l'on a compris les difficultés, analysé les problèmes et anticipé les conséquences. Aujourd'hui, Air Algérie menace de licencier les meneurs et de réquisitionner la force publique pour obtenir gain de cause. Pas une compagnie aérienne ne peut se construire sur de telles mesures. Ni aujourd'hui, ni dans le temps ! Les chefs d'escale de Paris, Nice ou Marseille se sont retrouvés seuls face à des clients courroucés, sans appui ni visibilité, aucune réponse à fournir. Insupportable, pour tous!
Percluse de lutte intestino-politique, la compagnie va devoir se repenser, se reconstruire, non pas avec les idées dépassées d'une époque ancienne où seul le pouvoir avait raison mais avec ses clients, son personnel et ses partenaires. Faute de quoi, la longue et inexorable descente aux enfers est loin d'être finie, quelque soit le PDG nommé à la tête de l'entreprise. Aujourd'hui il faut du bon sens et non de la crainte, fut-elle politique, pour aborder l'avenir. Les clients viennent de le crier dans les aérogares français. Ont-ils au moins été entendus à Alger ?

Hélène Retout