Air France: au SNPL, une claque peut en cacher une autre !

186

Le Président du SNPL (Syndicat National des Pilotes de Ligne), Philippe Evain, pourra toujours s’attribuer le mérite de la négociation sur Boost mais dans les faits la réalité est toute autre. Largement désapprouvé par les pilotes, le bureau du syndicat de pilotes n’a pas d’autres choix que de se démettre pour respecter les décisions de la base. La rumeur d’un vaste remaniement au SNPL est désormais dans tous les cockpits mais rien ne dit qu’elle sera suivie dans les faits.

"Trop, c’est trop et l’opposition systématique pour des affaires de personnes et de caractères doit être dépassée", exprime un commandant de bord qui a voté pour le projet de la Direction d’Air France comme plus de 78% de ses collègues. Pour lui, "Il faut apprendre à négocier intelligemment et accepter l’acceptable".

Aujourd’hui, dans les couloirs d’Air France, c’est la satisfaction qui règne. Le prochain patron de Boost, Jean-Michel Mathieu (l’actuel Senior Vice-Président des ventes directes et des services) doit désormais se fixer des objectifs réalistes pour le lancement de la compagnie à l’automne prochain. Cette "low cost" qui n’en est pas totalement une - dont on connaîtra les contours définitifs dans quelques jours - n’arrive pas en terrain conquis. Bien au contraire. La concurrence fait rage et les compétiteurs ne se laisseront pas manger la laine sur le dos sans réagir.

Boost veut prendre en charge les lignes déficitaires long et moyen-courrier. Vaste programme et le peu d’avions pour débuter ne donnera pas une assiette commerciale importante. Qu’importe, Jean-Marc Janaillac est persuadé que le succès viendra de cette compagnie dont les coûts d’exploitation seront de 20% inférieurs à ceux d’Air France. PNC et Pilotes auront un contrat de travail différent de celui de leurs collègues d’Air France. "Qu’importe", affirme goguenard un expert un peu provocateur, "On peut se dire qu’ils feront grève dans deux ans pour obtenir les mêmes conditions de travail ou les passerelles entre la compagnie low cost et AF".

Mais globalement, la confiance en l’avenir règne. "Regardez Norwegian ou Emirates dont on nous a rabattu les oreilles ces derniers mois. Aujourd’hui ils connaissent des pertes financières abyssales et leur développement va se trouver freiner par la réalité d’un marché complexe et imprévisible", affirme un cadre proche du dossier. Pour lui, il va falloir faire en sorte que les clients comprennent les marques et qu’ils puissent les utiliser en fonction de leurs envies ou de leurs besoins. En conservant une business class sur les avions de Boost, Air France vise une haute contribution qui n’a pas besoin d’un nombre élevé de fréquences. On se dit même que sur certaines lignes vers l’Asie, les PME/PMI trouveront un rapport qualité/prix exceptionnel.

Mais au-delà, Boost se veut la compagnie des millenials qui utilisent internet pour l’ensemble de leurs déplacements, de la résa en ligne à l’achat des options complémentaires. Et sur ce segment, Air France a une carte à jouer. Son plan digital est l’un des plus structurés du domaine et les outils mis en place sont reconnus pour l’excellence de leur développement.

Tout est donc en place pour commencer à jouer. Tout est prévu pour que le succès soit au rendez-vous. Mais comme toujours, on trouvera quelques critiques qui invitent à la prudence. Ce n’est pas pour le moment l’état d’esprit de la Direction d’Air France.

Pierre Barre