Air France: de Juniac doit-il réinventer la méthode Coué ?

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C'est à Toulouse qu'Alexandre de Juniac a réservé ses premiers commentaires sur l'avenir de la compagnie qu'il dirige désormais depuis quelques semaines. Pour le nouveau patron d'Air France, l'entreprise vise un retour à l'équilibre en 2013 pour les vols directs courts et moyens courrier, hors Roissy.

A priori, on le croit aisément. Seule condition pour qu'il réussisse pleinement : mettre en œuvre un plan drastique de réduction des coûts. Réponse le 26 janvier pour la présentation du premier volet d'économies. Il reste que depuis quelques jours, Air France souffle le chaud et le froid. Licenciements possibles un jour, équilibre l'autre et pas encore de réponse sur l'international où se livre une bataille des prix sans précédent. A Toulouse, à l'occasion de l'ouverture de la base régionale, le nouveau boss a cherché à rassurer et à réengager un dialogue avec celles et ceux qui font quotidiennement la compagnie. Rassurer sans laisser croire que tout sera possible. Derrière les chiffres officiels énoncés par Bruno Matheu, le directeur général délégué en charge du commercial - à savoir 950 millions d'euros de CA fin 2012, pour les trois bases existantes (Marseille, Nice et Toulouse) - beaucoup d'experts s'interrogent sur le plan de restructuration attendue ces prochaines semaines. Va t-il porter sur une refonte de la carte des destinations ? Peut-on limiter les salaires et bloquer les embauches ? Devra t-on dégraisser là ou le personnel est bien trop nombreux. Pas un mot sur ces sujets "délicats". Le mot de notre spécialiste aérien, Jean Louis Baroux, "Il faut dégraisser le mammouth", résume la quadrature du cercle que doit atteindre Air France. Et sur ce chemin de la rédemption économique, les embuches annoncées sont nombreuses. Il faudra à la fois redonner confiance et apprendre à dire non à un personnel navigant parfois en dehors des réalités économiques. Il faudra, sans doute, redonner envie à la clientèle de retrouver les chemins de la Premium en repensant les tarifs et en aménageant les horaires. Enfin, Air France qui a magnifiquement revu sa relation "client" aura soin de garder l'humilité acquise ses dernières années et qui est nécessaire à toute grande aventure. Le tout sans perdre la fierté, indispensable elle aussi à une grande aventure.

Marcel Lévy