Air France demande à Air Berlin de rejoindre Skyteam, pourquoi faire ?

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Alexandre de Juniac n'y va pas par quatre chemins. Face à la redistribution des cartes dans l'univers des alliances, il suggère à Air Berlin, dans un entretien au Frankfurter Allgemeine Zeitung de "rejoindre Skyteam en raison du rapprochement entre Etihad et le groupe franco-néerlandais". Pour le patron d'Air France, cité par l'AFP, "Avec Air Berlin, nous pourrons mieux combattre la concurrence des compagnies à bas coûts en Europe". Mais au delà de cette bataille de recrutement, la vraie question à se poser n'est-elle pas : a quoi vont servir les alliances ?

A l'époque de leur création, dans un monde où le transport aérien était triomphant, les alliances ont eu le mérite d'ouvrir des opportunités tant en terme de réseau qu'en relations commerciales et techniques entre les compagnies. Le soutien affiché entre les membres, la communication de prestige autour des grands noms du domaine étaient deux éléments phares pour les petites structures avides de reconnaissance. Enfin, la mise en place d'un produit à faire rêver "le tour du monde" était le fruit abouti de cette collaboration. Mais peu de voyageurs d'affaires font quotidiennement un tour du monde ! Aujourd'hui, le travail des alliances est plus flou et leur intérêt ne saute pas aux yeux des acheteurs. Disons le, ils s'en soucient peu. Ils ont parfaitement compris que la concurrence exacerbée entre compagnies annihilait souvent le bénéfice d'un contrat corporate avec Skyteam, Star Alliance ou OneWorld. Et même, les contrats corporate ont du plomb dans l'aile, comme le disent les acheteurs eux mêmes. Certes, les avantages de base de l'alliance comme la fidélisation des passagers ou le développement des services au sol sont considérés comme des atouts par les voyageurs. Mais pas au point de modifier la structure d'un voyage pour s'y adapter. L'enregistrement unique proposé ne répond plus aux attentes car les séjours sont courts, les bagages limités et le temps compté. Il reste alors le réseau. C'est un véritable avantage même, et on le voit, si des compagnies membres d'alliances connues commencent à pratiquer le va-et-vient en fonction de leur intérêt. Les code share "illogiques" se multiplient pour le plus grand bonheur (ou malheur) des voyageurs. Qantas et Emirates, Qatar et Oneworld sont des exemples intéressants à suivre de la nouvelle construction aérienne qui s'installe. Les jeux sont loin d'être faits. Les rachats commencent à peine et les projets sont nombreux. Les alliances ont-elles toujours leur place en 2013 ? La question est posée.

Hélène Retout