Air France devrait annoncer une profonde restructuration de son réseau avant la fin de l’année

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L’Assemblée générale d’Air France KLM qui s’est tenue ce mardi 20 mai au Carrousel du Louvre a donné le ton des enjeux de l’année. Une fois posées les bases de la montée en gamme, tous les observateurs savent qu’Air France aura à optimiser la lisibilité de ses offres et améliorer sa rentabilité. A priori, facile à faire s’il n’y avait pas la pression sociale et le respect des engagements pris auprès du personnel. Mais l’après Transform 2015 se joue aujourd’hui.

C’était la première Assemblée générale présidée par Alexandre de Juniac et le PDG du groupe a reçu des applaudissements des actionnaires après avoir présenté les résultats et ajouté pour le 1er trimestre une diminution des coûts de 1,7% et un résultat d’exploitation amélioré de 87 millions d’euros. Il a du aussi entendre quelques critiques et prendre la parole pour annoncer qu’après Transform 2015, un nouveau plan sera lancé pour «appuyer la compétitivité et l’offensive commerciale» de la compagnie. Les enjeux sont clairs : il y a dans les cartons de la compagnie une refonte majeure du réseau pour une grande simplification : une offre court et moyen-courrier confiée à Hop!, une compagnie low cost Transavia et un réseau long courrier exploité par Air France en liaison avec KLM. «Rien de bien neuf dans cette vision», reconnait un cadre de la compagnie, «Mais le plus dur est de réussir cette réorganisation sans faire de vague dans la compagnie». Tout l’enjeu est là. «Il faut désormais s’attacher à vendre le projet en interne afin d’être en phase avec le marché et nos clients», poursuit notre interlocuteur qui pense que l’on devrait en savoir plus vers le 28 juin prochain.

«Transform est une étape de remise à plat des coûts d’exploitation mais n’aura pas réglé tous les problèmes structurels», soulignent les spécialistes qui s’interrogent sur les différentes commissions de travail mises en place et en particulier celle qui vise à intégrer l’ensemble des pilotes de la compagnie au sein d’une seule et unique entité. Sur ce point, la volonté de la compagnie est simple : pouvoir gérer le personnel naviguant en fonction de la saisonnalité et des besoins. Quitte à transférer les avions et leur personnel d’une compagnie à une autre en fonction des besoins de saisonnalité. Compte-tenu des différences entre les unes et les autres, les revendications sociales ne sont évidemment pas simples à régler. C’est cependant un point clé pour la réactivité sur les marchés, qui n’est pas encore la qualité première d’Air France. Entre la mise à plat d’un projet et son exécution, les délais sont parfois longs trop longs. Le court courrier a directement subi les effets de cette lenteur.

Mais le point le plus important que Transform n’a fait qu’aborder est à régler rapidement : les escales. Un personnel pléthorique sur certains sites et une gestion « corporate » engagée par Pierre-Henri Gourgeon laissent perplexes les cadres du groupe. Alexandre de Juniac, en fin politicien, devra trancher dans le vif et décider quelle sera l’histoire à raconter aux salariés et aux clients. Le patron d’Air France, Frédéric Gagey n’est pas connu pour des décisions immédiates et spontanées. Écouter avant de décider n’est plus la méthode à suivre. Le message est en train de passer à tous les niveaux de direction. Lionel Guérin le sait, lui qui a été mandaté pour réfléchir à l’évolution du court et moyen-courrier. Le patron de Hop! estime que seul le client fera la réussite du groupe Air France KLM. Ne pas le brider dans sa recherche de mobilité mais lui offrir de justes alternatives aériennes à un tarif concurrentiel, en fonction de son niveau de besoin (flexibilité, rotations, services…), voilà le programme. Mais Lionel Guerin sera-t-il écouté ? Les batailles internes ne se sont pas éteintes avec l’arrivée du Président de Juniac. D’autant que, faute de résultats, il faudra trouver un bouc émissaire pour assurer l’échec. De là à imaginer que les porteurs d’un nouveau projet soient les sacrifiés… Air France a démontré qu’il n’y a pas d’affectif solide dans le temps. Réponse à toutes ces questions dans quelques semaines… Voire avant même, car les langues se délient au sein du groupe. Une autre façon de se protéger.