Air France engage dimanche 2 octobre la bataille des low cost… Est ce bien utile ?

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C'est dimanche prochain qu'ouvrira à Marseille la première base d'Air France destinée à contrer les Low Cost. Treize destinations seront proposées par la compagnie française qui ira, entre autres, à Bâle, Athènes, Moscou, Beyrouth ou Istanbul. Le principe, dévoilé en mai dernier, par le directeur général de la compagnie, Pierre Henri Gourgeon, étant de proposer des billets à petit prix pour des destinations très fréquentées. Pourquoi pas ! Mais comme le pensent beaucoup d'experts du transport aérien la bataille qui s'engage doit-elle se poursuivre sur le terrain des petits prix ou sur celui des long-courriers ?

D'une certaine façon, d'autres grandes compagnies internationales ont parfaitement compris que la lutte contre les Low Cost n'était pas leur priorité de développement. British Airways n'a pas développé son réseau domestique laissant même parfois à Ryanair ou Easy jet une voie royale pour atteindre des villes anglaises jusqu'alors desservies par BA. Lufthansa, elle, a préféré acquérir des compagnies habituées à gérer du Low Cost. On aurait pu s'attendre à ce qu'Air France utilise Transavia pour jouer le rôle de "nez rouge" sur le segment du prix.
Je ne suis pas assez spécialiste des stratégies aériennes pour analyser le choix qu'a fait Air France. D'ailleurs, il est prudent de le préciser, bien des stratégies annoncées ces dernières années par des spécialistes sont restées sans suite pour ne pas dire totalement loufoques. Autant alors se borner à analyser les faits. Air France, et plus particulièrement via son personnel, a-t-elle la possibilité de travailler comme le font aujourd'hui les compagnies Low Cost ? Les hôtesses d'AF vont elles, à l'image de leurs consœurs britanniques, assurer le nettoyage de l'avion, l'embarquement et les petits détails ménagers associés à la remise en ordre de l'appareil ? Garder le même niveau de services, ce qui est l'engagement du DG d'Air France, peut-il se faire sans un ensemble de sacrifices ?
Augmenter les rotations, favoriser les embarquements rapides, ce sont des missions que la compagnie va découvrir en se frottant à l'univers des Low Cost. D'autant qu'il ne suffit pas de mettre en œuvre une logistique comparable (paiement par carte, enregistrement via Internet...) pour donner l'image d'une compagnie nouvelle. Enfin, cerise sur le gâteau, tous ces efforts vont se solder par des journées de récupération qui pèseront, indirectement, sur les comptes de la compagnie. Certes, Air France invente un nouveau modèle qui exclut définitivement le passage obligé par Orly ou Roissy et abandonne le principe des nuits en escale, qui présentait des coûts importants et une productivité quasiment nulle. Tout cela pour dire qu'il serait dangereux de porter aujourd'hui un jugement sur ce qui pourrait apparaître comme une expérience. Marseille pourrait bien être le point de départ d'une nouvelle vision du transport aérien français ou, en cas d'échec, une expérience intéressante pour comprendre encore mieux les mécanismes des compagnies à bas prix.

Hélène Retout