Air France et Transavia : la bonne soupe du voyage d’affaires

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Des résultats encourageants - même s'ils ne distinguent pas Air France de KLM, ce qui instille le doute - une interview d’Alexandre de Jugnac dans la Tribune, et voici que les pistes de développement fleurissent dans la rumeur. Notre confrère du Quotidien évoque un code-share avec Transavia, ce qui ne serait somme toute que logique bien que tordu. Réapparait aussi notre info du 12 décembre dernier autour du rapprochement entre Air France et Transavia en matière de gestion des miles et d’acquisition des billets loisir. Il reste que ces pistes, réelles ou non, ne facilitent pas la vie des équipes commerciales.

Difficile de dire aujourd’hui que la stratégie d’Air France est lisible. La compagnie, qui a toujours privilégié les voyageurs à haute contribution, semble aujourd’hui les saupoudrer sur Hop! et demain sur Transavia. Soyons clairs, les voyageurs d’affaires, surtout dans les PME-PMI, utilisent déjà la compagnie low cost d’Air France pour se déplacer d’un point à un autre... lorsque leur destination correspond à leurs besoins.

Sur le court et moyen-courrier, il suffirait de renforcer l’offre de Hop! pour la rendre plus compréhensible dans l’univers des déplacements professionnels. On se demande encore pourquoi Toulon relève d’Air France et Montpellier de Hop!. Air France perd toujours de l’argent sur ce segment, Hop! devrait annoncer des résultats encourageants dans quelques semaines.

Faut-il voir dans l’interview donnée par Monsieur de Juniac une forme de méthode Coué dont la finalité serait de tester les conséquences sociales de ces décisions au sein même de l’entreprise ? Certains syndicats le disent et précisent que «Air France veut mutualiser ses pilotes et non les dédier par marque». En clair, une sorte de complément du plan Transform dont on sait aujourd’hui qu'il est insuffisant.

Ce qui est certain, c’est que bon nombre de voyageurs savent déjà lire entre les lignes. Monsieur de Jugnac prévoit le pire lorsque Ryanair arrivera sur les aéroports principaux. La low cost a déjà pris tout un pan du marché régional des PME/PMI. L’ouverture d’Easyjet aux vols de 4 à 5 heures n’est que le prémice d’une politique plus ambitieuse de la compagnie britannique. Enfin, Etihad Régional, et bientôt avec Alitalia-Etihad risquent de finir de bousculer le court et moyen courrier, et la vision trop optimiste du patron d’Air France.

On ne décide pas dans un bureau ce que feront les voyageurs d’affaires, code share ou non. On peut tout au plus tout faire pour les attirer. Le prix y est pour beaucoup, la clarté est un vrai plus!

Annie Fave