Air France, l’emploi au coeur du redressement

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Chaque trimestre apporte son lot d’informations nouvelles autour des plans de départ, volontaires ou non, qu’envisagerait Air France. Après les 5000 postes du Figaro, voilà les 3000 annoncés par le Monde. Malgré un démenti rapide de la compagnie française, aucun de nos deux confrères n’a réellement tort… Même si la problématique se joue plus par entité qu’au niveau global.

Ce n’est pas la première fois qu’un transporteur aérien laisse fuiter dans la presse une info qu’il s’empresse de démentir après. Le jeu est connu et participe à la grande partie de poker menteur engagée depuis les plans de redressement mis en place par Alexandre de Juniac.

Depuis la mise en œuvre en 2012 du plan Transform, ce sont globalement 9.000 postes environ qui ont été supprimés. Plus de 5.000 en 2012. Les 800 départs annoncés en janvier dernier seront effectifs courant 2015/2016. Enfin, la gestion des escales de province (au-delà des seules bases) se fera dès l’été prochain, sans doute via Hop, en charge de cette activité franco française. C’est sans doute à ce niveau que seront trouvés les quelques 3.000 postes qui démangent les amateurs de chiffres. Nice ou la Corse, comme Marseille ou Toulouse, sont devenus pléthoriques face à un trafic globalement stable ou en baisse.
 
Mais au-delà de cette seule analyse, le problème des pilotes va se poser cruellement. Supprimer des lignes, c’est supprimer des équipages. Et la première mesure annoncée il y a quelques jours pourrait s’amplifier début septembre avec de nouvelles liaisons réduites et des capacités fortement revues à la baisse. A cette heure, tout n’est que supposition et hypothèses de travail. Reste qu’à un moment il faudra décider. Les pilotes ont compris qu’ils ne pouvaient se permettre une nouvelle grève, la première n’ayant rien donné si ce n’est une forte perte de confiance chez les voyageurs. Ils savent aussi qu’un pilote sans avion, c’est potentiellement un chômeur dont le seul avenir passe par le Golfe ou l’Asie. Autant dire que les plus revendicateurs risquent de ne pas revoir un cockpit avant longtemps. En annonçant qu’il n’y aura aucun mouvement cet été, le SNPL a simplement exprimé la volonté de ses membres qui, pour beaucoup, affirment que le principe de réalité doit piloter l’avenir.
 
Alors qui a raison ? Notre confrère du Monde (souvent très bien informé) ou la Direction d’Air France ? Sans doute les deux. Oui, il faudra tailler encore massivement dans les effectifs pour coller au programme des vols annoncé. Mais l’arrivée attendue de Lionel Guérin dans le jeu n’est sans doute plus qu’une affaire de semaines. C’est à ce niveau que la discussion se fera. Entre Air France et les escales, la joute est engagée.
 
Hélène Retout