Air France : la CGT condamne le « manque de vision » de sa direction

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Évoquant un climat social "tendu", le syndicat CGT d'Air France se livre à une analyse critique détaillée des résultats du groupe Air France-KLM et condamne les perspectives esquissées par la direction pour redresser la barre. Quelques extraits du tract qui nous a été envoyé.

"Les résultats d’Air France présentés en séance du Conseil d’Administration du 07 mars 2012 font apparaître une nouvelle dégradation de la situation financière et économique malgré des performances commerciales satisfaisantes. La recette est en baisse sur l’ensemble des réseaux hormis l’Amérique latine et le COI (Caraïbes/Océan Indien) qui se maintiennent au‐dessus de la ligne de flottaison. (...) Compte tenu du contexte, l’augmentation de surcharges carburant semble difficile. L’envolée du prix du pétrole plombe la dynamique mondiale des échanges commerciaux et affecte puissamment l’activité Cargo. Ce secteur, fortement dépendant de l’état du commerce international est à la fois le résultat et l’analyseur des tendances et conjonctures. La politique de «contrôle strict des capacités» mise en pratique depuis le décrochage de 2008 a réduit fortement le rayonnement d’Air France Cargo. Les capacités «tombés» ne sont plus proposables.

Plusieurs membres du Conseil d’Administration reviennent à la charge sur le transfert total (filialisation) de l’activité Tout Cargo sur KLM/MP. Ce n’est pas à ce stade la position du Management. Toutefois, la mise en valeur des «bonnes pratiques» de Martinair (MP) à mots à peine couverts pourraient sous-tendre le contraire. Il est essentiel que tout fret AF/KLM/MP qui passe sur le sol français soit traité par du personnel Air France et transporté par nos soins. Les places fortes doivent être défendues. Nous exigeons l’arrêt des fermetures en cours et à venir des magasins et agences fret en province et dans les DOM.

Plusieurs membres du Conseil d’Administration reviennent à la charge sur le transfert total (filialisation) de l’activité Tout Cargo sur KLM/MP. Ce n’est pas à ce stade la position du Management. Toutefois, la mise en valeur des «bonnes pratiques» de Martinair (MP) à mots à peine couverts pourraient soustendre le contraire. Il est essentiel que tout fret AF/KLM/MP qui passe sur le sol français soit traité par du personnel Air France et transporté par nos soins. Les places fortes doivent être défendues. Nous exigeons l’arrêt des fermetures en cours et à venir des magasins et agences fret en province et dans les DOM.
(...)
Le Court et Moyen Courrier sous haute pression
La restructuration de l’activité Court Courrier Moyen Courrier figure au rang des objectifs de « Transform 2015 ». Cette activité est au coeur d’une concurrence féroce et multiforme qu’entretiennent les politiques ultralibérales de récession généralisée conduites par la commission européenne. Les guerres tarifaires absurdes que se livrent les opérateurs entraînent nombre d’entre eux à commercialiser à perte. Le prix du transport est déprécié. L’indifférenciation des produits sur la base d’un rapprochement avec les compagnies à bas coûts tire vers le bas l’ensemble du transport aérien européen. Cette situation est favorisée par la libéralisation totale du ciel européen imposée par Bruxelles à coup de directives et de sanctions vis‐à‐vis des compagnies les plus vulnérables. La probabilité de création d’une filiale spécifique dédiée à cette activité a été évoquée, tout en indiquant qu’il ne dépendrait finalement qu’aux salariés concernés qu’il en soit autrement…
Il se trouve que la direction a plutôt l’ambition de généraliser à l’ensemble du réseau les nouvelles cadences de travail en vigueur dans le cadre du plan Bases Province où l’outil de production est prévu de tourner à plein régime. L’extension de ce modèle productiviste aux divisions France et Europe encouragerait le développement de produits et de services se rapprochant toujours plus de «l’offre low cost». En conséquence de quoi, un projet de double marque (sous‐marque AF) serait actuellement à l’étude (cf: Web conférence du 10 février).


Les conséquences de cette orientation seraient ravageuses pour les compagnies franchisées, en butte à de fortes baisses du nombre de modules et à qui la maison mère semble préférer des affrètements par Flybe notamment, opérant pour le compte d’Air France à moindre coût, mais aussi… à prestation moindre. Elles engageraient en outre de profondes remises en cause des organisations du travail au HUB de CDG dont une première étape de restructuration est planifiée dans le programme « HUB 2012 » dont la fonction est d’organiser le regroupement des salariés du site autour des Satellites 3 et 4 et du Terminal E. Le nombre de 250 postes « économisés » à l’issue de l’opération est avancé.
Avec les « activités autres » (Transavia, Servair) l’activité Maintenance réalise des profits, mais en partie atténués cette année par le conflit des mécaniciens qui aura duré plusieurs mois. De fortes
interrogations portent sur les conditions de réalisation de l’activité « Cellules », d’autant que KLM vient de décider d’arrêter son grand entretien.

Un climat social tendu
Désigner les salariés pour partie responsables (fautifs) de la situation particulièrement grave que traverse la Compagnie est irrecevable ! Il n’est pas question pour nous de déconnecter Air France du
contexte global et des profondeurs du changement de société qu’à marche forcée on voudrait nous imposer à notre insu et contre nos intérêts élémentaires. Le respect et la transparence doivent servir de base à toute discussion. Mais encore faudrait t’il s’entendre sur le contenu de l’enjeu.
Se servir de la situation d’Air France pour sabrer des acquis sociaux, alors que rien n’est fait depuis des mois et que l’on persiste à ne donner aucune explication sur le sens de la transformation engagée et ses finalités au sens de la place qui y occuperont des salariés, n’encourage pas à la sérénité.
Contraindre les salariés par des méthodes coercitives à se plier aux décisions tombées d’en haut n’est bien évidemment pas la méthode adéquate. Il est important qu’une vision industrielle et commerciale d’avenir soit communiquée aux salariés et à leurs représentants car il est indispensable de pouvoir se projeter. Il faut que l’état intervienne, comme pour les banques et l’automobile, d’autant plus qu’il est actionnaire d’Air France.