Air France, le « Je t’aime moi non plus » des pilotes

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La reprise engagée des négociations entre Air France et ses pilotes se veut « bon enfant ». Dans un premier temps, chacune des parties expose sa vision de l’avenir et formules les attentes associées aux changements annoncés. Globalement, le point noir, c'est Boost, en filigrane des échanges. Et pour cause, le mot qui revient le plus souvent est facile à comprendre : cannibalisme.

Selon Véronique Damon, secrétaire générale du SNPL citée par des sources internes, le sujet central serait bien la compagnie low cost long courrier que veut créer Jean-Marc Janaillac. D’autant que le cahier des charges de cette nouvelle compagnie est exigeant : meilleure productivité des équipages, PNC recrutés en dehors de la compagnie Air France sans oublier des rotations réduites pour optimiser le temps machine.

Mais pour le SNPL, la seule vision sociale ne saurait être au centre du projet. "Réduire les coûts a ses limites", explique un commandant de bord membre du Syndicat qui veut que "le projet soit ambitieux pour la compagnie et son personnel". Le SNPL reste persuadé que d’autres pistes d’économies sont possibles pour améliorer la rentabilité, que ce soit au niveau des négociations avec ADP ou la baisse des taxes promise par l’Etat. Même vision pour le SPAF, l’autre syndicat des pilotes de la compagnie né en 1993 d’une scission au sein du SNPL, qui ajoute, via l’un de ses membres, qu’il "faut trouver un équilibre économique qui ne pèse pas seulement sur les salariés".

Prévues pour la fin janvier, les négociations devraient rapidement entrer dans le dur du sujet. Selon des sources internes au sein des deux organisations syndicales, "aucune proposition de travail au rabais ne sera acceptée". Boost devra naître au forceps et, sans doute, dans la douleur.