Air France s’interroge sur la présence d’Alitalia dans SkyTeam

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Officiellement, la question ne se pose pas. Elle n’est même pas d’actualité. Officiellement seulement car dans les faits, plusieurs compagnies de l’alliance s’interrogent sur la stratégie réelle d’Alitalia et de son partenaire Etihad. Il faut bien le dire, le plan de développement du transporteur italien, présenté ces dernières semaines, est loin de rassurer tous les partenaires de SkyTeam.

Multiplication des vols long-courriers au départ de Rome ou de Milan, promotions tarifaires en classes affaires sur l’ensemble des destinations proposées par les deux compagnies, voilà autant de signaux forts qui effraient les compagnies européennes et asiatiques présentes dans l’alliance. Et les projets ne manquent pas pour assurer l’ambitieuse volonté d’Etihad de drainer un maximum de passagers italiens directement vers son hub d’Abu Dhabi. Bref, ce qu’Air France rêvait de réaliser depuis des années, Etihad l’a fait. Il faut dire que l’investissement est colossal. La remise à plat d’Alitalia devrait coûter près 1,7 milliards d’euros pour un objectif clairement annoncé depuis des mois: revenir à l’équilibre en 2017, bénéficiaire dans la foulée.

À l’évidence, la situation ne plaît pas Air France et encore moins à ses partenaires qui, comme Delta, voient arriver les compagnies du Golfe sur le continent nord-américain. Même son de cloche chez les transporteurs asiatiques qui sont aujourd’hui persuadés qu’Etihad est un concurrent sérieux vers l'Inde, la Chine ou l’Australie.

Mais constater ne suffit pas à régler un problème. Air France, elle aussi partenaire d’Etihad et actionnaire très minoritaire d’Alitalia, n’a que très peu d’échappatoire face à une situation qui, pour l’heure, ne met pas en péril la joint-venture transatlantique engagée avec Delta et la compagnie italienne. Mais pour d’autres membres de l’alliance, et ils l’auraient dit très clairement ces dernières semaines, la situation ne saurait rester en l’état sans qu’une position claire et précise soit prise.

Aujourd’hui, le dossier est donc naturellement dans les mains d’Air France qui, confrontée à bien d’autres soucis sur le terrain, ne devrait pas se précipiter pour le régler. De quoi alimenter tous les ingrédients d’une crise si elle devait éclater chez ses partenaires.