Air France : un virage est pris, rien n’est gagné

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Transform 2015 semble bien engagé : après les décisions industrielles globales au premier semestre, la compagnie annonce avoir bouclé les discussions avec les organisations syndicales dans les délais qu’elle s’était fixée. Mais c’est maintenant que les efforts commencent.

Le communiqué d’Air France, anodin d’apparence, est une forme originale de cri de victoire rentré. Pas de triomphalisme mais la compagnie constate qu’elle a réussi à faire adopter son projet global de réduction des coûts, de tous les coûts, de 20%. Ce qui signifie baisse des charges salariales – donc les fameux 5122 départs volontaires, 10 % des salariés - et hausse de la productivité. Et cela sans qu’il y ait grève ou manifestation. Un tour de force ? Pas vraiment : en réalité l’entreprise a surtout fait signer un accord cadre, en échangeant son plan de réduction de l’emploi contre des garanties sur l’absence de licenciements secs. Les syndicats ont obtenu des gestes significatifs, puisque ce n’est plus jusqu’en 2013 mais jusqu’en 2014 que l’emploi est garanti. En échange de quoi, les discussions ont pu porter sur la hausse de la productivité, donc organisation du travail. Il est ainsi prévu que le temps de travail des navigants augmente, de 530 à 655 heures de vol par an sur moyen-courrier et à 730 heures sur long-courrier. Le personnel au sol devrait perdre des RTT et des compensations de jours fériés. Des efforts d’organisation et de mobilité doivent être discutés avec le personnel et les syndicats, sentant la difficulté de ce chapitre, soulignent qu’ils ont obtenu « un dispositif d’appui » pour prévenir les risques psycho-sociaux. Tous soulignent avec des formules différentes que l’essentiel est conservé puisqu’il y a une « garantie de l’emploi au niveau collectif ». Les textes sont soumis à référendum, chez les pilotes – c’est une tradition – comme chez les personnels navigants. Il reste à savoir si la base va accepter ce qui a été discuté par leurs organisations. Ou pas. Le processus doit prendre une quinzaine de jours. L'été morose va t-il ou non faciliter l'acceptation ?

Hélène Retout