Air France : une grève les 7 et 8 avril, et un faux procès

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Alors qu'un préavis de grève court pour les PNC d'Hop! Air France les 7 et 8 avril, jours de départs en vacances pour une partie de l'Hexagone, une polémique se développe via les médias autour du salaire du patron du groupe, Jean-Marc Janaillac. Le printemps n'est jamais calme au sein de la compagnie aérienne tricolore.

Via Twitter, les hôtesses et stewards de Hop! Air France commencent à se compter pour répondre à l'appel lancé il y a déjà plusieurs semaines par l'UNSA et le SNPNC pour un mouvement de grève ces vendredi 7 et samedi 8 avril, début de vacances de printemps pour certains.

C'est sur ce fond de tension que se développe un nouveau sujet, un faux procès sur le salaire du patron du groupe, Jean-Marc Janaillac. Après la polémique sur les émoluments du Comex d'Air France, le feu a été mis aux poudres par la publication de son revenu 2016 dans un document de référence déposé lundi par le groupe auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Jean-Marc Janaillac a ainsi gagné plus de 500.000 euros en six mois à la tête d’ Air France-KLM. Plus précisément, le patron du groupe a touché au total quelque 548.834 euros entre juillet et décembre 2016, dont 296.667 euros de rémunération effective, le reste faisant l’objet de paiements différés. Ce sont les chiffres qui avaient été publiés au moment de son entrée en fonction, en juillet dernier, ils étaient donc connus. Si chez Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, le salaire de Jean-Marc Janaillac était plafonné à 450.000 euros par an, le passage a une entreprise d'une taille supérieure lui a permis d'obtenir un fixe plus confortable de 600.000 euros/an, avec la possibilité de quasiment doubler la mise s'il réalise ses objectifs.

C'est vrai que toutes les compagnies qui portent les couleurs nationales, qu'elles soient privées ou publiques, attirent plus souvent les foudres dans leur pays d'origine qu'à l'étranger. Si nous sommes bien placés pour évoquer souvent les travers de la compagnie Air France, force est de remarquer que la polémique autour du salaire de Jean-Marc Janaillac tient plus de l'œuf pourri que de l'information.

Les syndicats n'ont pas manqué de faire remarquer les chiffres, oubliant que certains d'entre eux, notamment les pilotes, sont loin d'être les plus mal lotis de leur profession, même si leur rémunération est bloquée depuis plusieurs années. Cette vision parfois soviétique du salaire des grands patrons donne toujours du grain à moudre au populisme. Carolyn McCall, la patronne d'EasyJet stigmatisée il y a quelques années pour les dividendes qu'elle avait touchés, a toujours affirmé que si elle ne permettait pas son entreprise de gagner de l'argent, il y a fort longtemps que les actionnaires l'auraient mise dehors. Un résumé rapide et simple mais d'une efficacité évidente.

Quoi qu'on en pense, la situation est quasiment la même en France avec la plupart des grands patrons. Celui d'Air France compris. On a vu à quel point l'opposition entre le SNPL et Alexandre de Juniac a conduit ce dernier à s'en aller plus vite que prévu en trouvant l'opportunité de prendre la direction de IATA. Doit-on reprocher à un capitaine qui donne le cap sur le bateau d'être celui qui, face à ses responsabilités, gagnera plus qu'un simple marin ? Nous ne doutons pas qu'il y a bien d'autres sujets que l'on pourrait reprocher au sein d'Air France. Mais celui-là n'en est pas vraiment un ou alors avec un peu de mauvaise foi on peut le transformer en un problème. Ce que nous ne ferons pas.

Hélène Retout