Air France utilise t-elle le système des fuites contrôlées à la presse pour tester ses futurs plans de développement ?

54

Depuis quelques semaines, la Tribune se fait régulièrement l'écho d'informations sur Air France qui, loin d'être démenties par la compagnie, semblent être des bouées lancées par le transporteur pour mesurer les réactions syndicales et politiques. La méthode n'est pas nouvelle et déjà, dans le passé, pour appuyer la nomination d'Alexandre de Juniac, la presse avait été utilisée pour diffuser des "scoops" dont on connaît aujourd'hui l'origine.

Air France utilise t-elle le système des fuites contrôlées à la presse pour tester ses futurs plans de développement ?
Dernière en date des révélations, toujours par la Tribune : la création d'un vaste pole régional qui regrouperait Britair, Regional et Airlinair. Une annonce prévue pour le Comité central d'entreprise du 24 mai. Au total, les trois compagnies apporteraient une centaine d'avions à la nouvelle structure qui, selon notre confrère, serait ouverte à un investisseur privé. On pourrait aisément imaginer que des structures comme Ethiad puissent devenir le partenaire de ce pôle qui ressemblerait comme deux gouttes d'eau à l'ex Air Inter. On sait que les syndicats de ces petites compagnies sont circonspects sur l'idée de ce regroupement qui, selon eux" conduirait inévitablement à des suppressions d'emplois". Parallèlement Transavia, que l'on avait présente comme le fer de lance de la future Low Cost de la compagnie française deviendrait bien le bras armé de cette nouvelle activité sous l'autorité d'un grand professionnel, Lionel Guérin. À l'évidence, la compagnie veut par le procédé tester la validité de son projet et faire en sorte que les syndicats puissent éventuellement se préparer à une discussion voir des négociations sur ces différents points toujours aussi sensibles en interne.
Mais au-delà de cette seule refonte, il faudra qu'Air France précise sa vision sur le Low Cost et l'utilisation qu'elle fera de Transavia sur les bases régionales, véritables nerf de la guerre du développement économique. Notre confrère de la Tribune précise d'ailleurs qu'Air France aurait l'intention de faire passer la flotte de sa filiale de huit à 20 appareils à l'horizon 2016. En se concentrant dans l'univers des loisirs, qui est aujourd'hui la signature de Transavia, l'opérateur à bas prix aurait pour mission de développer des liaisons de point à point capables d'atteindre des taux de remplissage supérieurs à 85 %. Le seul point commun de ces deux projets est l'homme qui aurait en charge de les diriger. Lionel Guérin que l'on citait volontiers comme le candidat de Jean Cyril Spinetta au moment du choix du nouveau président d'Air France. Il connaît suffisamment l'aérien (c'est un ancien pilote) pour savoir que l'enjeu sera difficile s'il ne possède pas une maîtrise totale sur la gestion des équipes et des projets de développement. En se concentrant exclusivement sur le long-courrier, Air France aura sans doute à engager un vaste plan social pour rendre la compagnie encore plus compétitive. Les informations distillées ces derniers jours à la presse sont peut-être les prémices d'une restructuration plus profonde que veulent bien le penser les spécialistes du transport aérien français.