Airbus : 347 – Boeing: 61. Le prix des voyages d’affaires va t-il baisser ?

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Dans le match commercial qui les oppose, les résultats sont sans appel à mi chemin du Salon Paris Air Show. Airbus sort grand vainqueur de cette bataille commerciale avec des commandes impressionnantes pour son A320 Neo, vedette invisible de la fête. Pas moins de 347 appareils commandés "ferme", 610 au total avec les options contre 61 à Boeing (126 avec les options).

Au delà de ce "cocorico européen", il n'est pas inutile d'analyser les conséquences indirectes de cette course à l'équipement. Certes le trafic augmente et va augmenter mais à en croire les spécialistes réunis à Paris, il y a plus d'incertitudes et de craintes que d'optimisme réel pour ces dix prochaines années. A priori, la concurrence acharnée qui s'installe dans l'aérien se fait pour le plus grand bonheur des acheteurs. Aujourd'hui, sans la flambée du pétrole, le coût kilomètre par passager à l'achat aura été l'un des plus faibles de toute l'histoire de l'aérien. Quand un billet aller/retour vers le Canada se vend 389 €... Pour plus de 350 € de taxes au total, le gain brut réel du transporteur est faible, très faible. Bien sûr, le yield empêche que ces bas tarifs soient très présents dans un avion. Mais pourra t-on tenir longtemps cette position ? Certainement pas, nous a longuement expliqué ici Jean-Louis Baroux ! A l'évidence, les compagnies le savent et la bataille qui s'engage est celle de la lente, mais inexorable, remontée des prix. "Nous avons un prix d'appel très bas qui est devenu une référence dans l'esprit des acheteurs. Un New York ou un Shanghai ont un prix admis qui ne peut être dépassé que quand les circonstances l'exigent", explique le patron français membre d'une compagnie aérienne internationale, "Dans plus de 70 % des cas, le tarif moyen proposé, toutes classes confondues, est inférieur de 30 à 60 % au prix que nous devrions appliquer pour suivre les ratios classiques d'une entreprise autre que celle du transport aérien". Le constat est sans appel même si pour conclure, notre interlocuteur précise "Aujourd'hui la demande en forte hausse nous permet de tenir mais demain face à des crises économiques ou des tarifs pétroliers devenus fous, plus de 50 % des compagnies du monde seraient en cessation de paiement. Cette hausse du trafic est devenue notre seul outil de développement, ce qui explique cette course à l'équipement. Plus d'avions et plus de clients, malgré des prix bas, nous permettent de tenir".
Une analyse que ne partagent pas forcément les spécialistes énergétiques. Pour Nicolas Sarkis, Directeur du Centre Arabe d'Etudes Pétrolières, la hausse attendue du pétrole pour ces dix prochaines années va conduire à une refonte réelle du transport, sous toutes ses formes. Il faudra naturellement repenser les déplacements même si, a priori, la demande est toujours forte. Conclusion de ces analyses et de ces constats : le prix, objet de toutes les attentions, est-il naturellement appelé à augmenter ? Pas si sûr. Pour rentabiliser les équipements, les compagnies se sont préparées aux crises et à la hausse du pétrole. Au Bourget, elles affirment que tout est prêt pour l'avenir. Méthode Coué ou réalisme économique ?

Hélène Retout