Airbus, l’A380 sur la sellette ?

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L'avionneur européen va-t-il abandonner son A380 pour insuffisance de résultats ? C'est en tout cas ce que semblent annoncer les propos du directeur financier de l'avionneur. Airbus veut repenser le géant des airs et proposer une nouvelle version allongée et réaménagée intérieurement… À condition que le marché montre un intérêt pour la machine.

Au deuxième et dernier jour d’une présentation aux investisseurs, organisée à Londres, le directeur financier d’Airbus, Harald Wilhelm, a quelque peu inquiété des compagnies par ses propos en évoquant de fait le manque de rentabilité de l'A380. Interrogé sur le seuil de rentabilité de l'A380, il a en effet parlé de 2018 « si nous faisons quelque chose sur le produit ou même si nous interrompions le projet », a ainsi souligné le directeur financier. Avec 318 commandes sur le carnet aujourd'hui, le programme est jugé décevant par le groupe. Voilà qui n'est pas du goût de Tim Clark, le patron d'Emirates, cité par la presse du Golfe: "Une partie de la stratégie de développement de la compagnie s'appuie sur ce gros porteur. Nous sommes très mécontents de lire les propos d'Airbus". Et de fait, l'avionneur semble agir sans concertation avec ses plus gros clients. Emirates avoue aujourd'hui être "inquiet de l'avenir de l'avion, si le constructeur lui-même émet des doutes".

Il est vrai qu'Airbus n'a jamais vraiment réussi à placer un appareil, très apprécié des clients, mais dont la consommation est loin d'être satisfaisante. Emirates plaide pour de nouveaux moteurs Rolls Royce, plus économes mais qui demanderaient de revoir les attaches. Fabrice Brégier, le Président exécutif d'Airbus, a confirmé à Londres ce 11 décembre que l'appareil allait être revu et que la remotorisation était à l'ordre du jour. Autre innovation, le fuselage de l'A380 sera élargi pour permettre une meilleure occupation des espaces "passagers".

A la fin de l'intervention, Airbus s'est voulu rassurant en évoquant une interprétation hâtive (pour ne pas dire hasardeuse) du Directeur financier. Il reste que la Bourse a enregistré une chute spectaculaire du cours, liée il est vrai en partie au report de livraison de l'A350 par Qatar Airways et non aux soucis de l'A 380.