Airbus réduit le patriotisme économique à sa plus simple expression

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Volonté de s’implanter sur un marché attractif, de fabriquer en dollars, d’éviter des frais de transport : Airbus a annoncé ce lundi la création de sa première usine d’assemblage sur le territoire américain à Mobile, en Alabama. Et part ainsi plus clairement encore à la conquête du nouveau monde !

L’implantation d’Airbus en Chine, en 2006, avait suscité bien des controverses sur la délocalisation des emplois et des productions de l’avionneur Airbus. Jusqu’à ce que toutes les études et les syndicats en conviennent : cette implantation a permis d’augmenter les parts de marché et continue à fournir du travail en France, y compris aux sous traitants. L’assemblage d’un avion ne représentant que 5 % de sa valeur, toute la production reste chez les fournisseurs habituels de l’avionneur.

La décision d’Airbus de s’installer en Alabama devrait provoquer les mêmes critiques mais elle correspond à la même logique : limiter les effets de change (en produisant en dollars et non en euros), jouer la proximité avec les marchés et, éventuellement et ce n’est pas le moindre, produire en partie américain. Ce qui anéantira les critiques US lors des appels d’offres des institutions américaines, et en particulier le Pentagone. Boeing ne s’y est d’ailleurs pas trompé en protestant, en vain, contre cette implantation sur son territoire. Il se trouve qu’en plus l’Alabama est l’un des Etats les plus pauvres des US et que, ravi de cette implantation, il va d’ailleurs fournir 100 millions de dollars pour une implantation qui en coûte 600 à Airbus. C’est d’ailleurs l’un des rares Etats où l’affiliation à un syndicat n’est pas obligatoire pour travailler, ce qui ne gâche pas le tableau.

Il reste que cette implantation correspond à une mondialisation grandissante des marchés. Elle coupe aussi l’herbe sous le pied des fâcheux qui évoquent en permanence le patriotisme économique. Vous souvenez vous des critiques qui, l’an dernier, ont accompagné l’achat d'avions Boeing par Air France ? Oubliant que Boeing produit en Europe et même en France. L’avionneur américain a ainsi payé en 2008 pour 4 milliards de dollars de contrats aux sous-traitants tricolores, de Thalès à Dassault Systèmes en passant par Michelin, Radiall ou Latécoère. Et continue à le faire. La mondialisation, c’est pour tout le monde. Ce qui fait bien du travail à nos voyageurs d’affaires…

Annie Fave