Akbar Al Baker, Qatar Airways: «Avec notre nouvelle business, nous n’avons plus besoin de first!»

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La bataille entre les pros et anti Première classe peut aujourd’hui s’enrichir d’un nouveau venu. En accueillant officiellement à Doha, l’A350 dans la flotte de Qatar Airways, le patron de la compagnie a été clair : «Notre nouvelle business class est d’un niveau suffisamment élevé pour nous permettre de ne pas avoir de Première sur une grande partie de notre flotte».

Pour les observateurs dans la salle, cette annonce peut être interprétée de deux façons. La première stigmatise le retard pris par Qatar Airways dans le monde de la First au regard de ce que vient de présenter Etihad ou des dernières annonces évoquées par Emirates. Pour les autres, elle signifie une prise de conscience d’un marché qui se contente aujourd’hui largement d’une bonne business en oubliant le luxe d’une first, bien trop chère pour la majorité des voyageurs.
 
Évolution, ou simple révolution des mentalités au sein des compagnies aériennes ? Il est clair qu’aujourd’hui la tendance à l’amélioration sensible des business prend le pas sur une cabine «première» réservée à une élite et dont le taux d’occupation est, en général, particulièrement faible. Mais pour l’heure, cette absence de Première ne se fera que sur l’A350 et la flotte de Boeing. Les A330 et A340 de dernière génération et les A380 actuels disposent encore de huit ou douze (selon les avions) sièges en First.
 
Pour Akbar Al Baker, ce choix s’explique par la réflexion menée depuis des années autour du service aux voyageurs. Pour lui, sa compagnie n’a pas à démontrer sa capacité à innover et inventer de nouveaux concepts. Il a rappelé qu’elle a été l’une des toutes premières à proposer un bar à ses passager business et à offrir un pavillon totalement dédié à ses passagers haute contribution en dehors des structures traditionnelle de l’ancien aéroport de Doha. Avec son nouvel A350, dont nous vous présenterons très rapidement un test complet entre Paris/Doha/Paris, la compagnie exploite à fond les recettes qui ont fait son succès. Sur le nouvel appareil, le bar central situé au milieu de la classe affaires est une réussite totale tout comme le nouveau siège business aux fonctions multiples et d’un raffinement particulièrement poussé. Même la premium et la classe éco sont repensées : plus de place, programme vidéo et service repas de bonne tenue.
 
Aujourd’hui, la compagnie a réintégré le nouvel aéroport et rassemblé l’ensemble de ses services à proximité des portes d’embarquement. Côté nouveauté, le patron de Qatar Airways a dévoilé que la compagnie étudiait un système qui permettrait la transmission en temps réel, au centre opérationnel de Doha, des données enregistrées par les boîtes noires. Faisant référence à l’accident d’Air Asia, il a même rappelé qu’il n’y avait aucune concurrence entre les compagnies quand il s’agissait de la sécurité des voyageurs.
 
Parmi les commentaires apportés lors de cette conférence de presse de présentation de l’A350, notons que le patron de Qatar Airways a souligné son intérêt pour une nouvelle version de l’A380, rallongée et remotorisée . «Il y a du sens dans cette demande», a-t-il ajouté en présence de Claude Evrad, le patron du programme A35O.

Enfin, il a évoqué les plans de développement qu’il souhaiterait mettre en œuvre assez rapidement : augmenter les vols vers le Maghreb et l’Afrique, hausse des fréquences vers les grandes destinations européennes que sont Paris et Francfort. Ainsi le premier A350 sera déployé en permanence et comme prévu sur Francfort le 15 Janvier prochain. Le deuxième exemplaire sera également mis en service vers Francfort dès qu'il sera disponible, pour assurer la deuxième liaison quotidienne. Le troisième sera déployé sur Singapour où il remplacera, sur l'une des 2 fréquences de la compagnie, un vol assuré jusqu'ici en Boeing 787-8.

A aucun moment le patron de Qatar n’est revenu sur les droits de trafic en Europe. Il faut dire qu’en ce moment, des discussions iraient bon train avec le Ministère français des Transports . Enfin, s’il se dit intéressé par la Pologne, il affirme que le rachat de LOT n’est absolument pas envisagé, pas plus que des prises de participation dans d’autres compagnies européennes défaillantes.