Alexandre de Juniac: «Le voyage d’affaires joue beaucoup avec nos nerfs !»

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Invité expert du Baromètre du voyage d’affaires, Alexandre de Juniac s’est livré au jeu du commentaire des grandes tendances de cette étude réalisée par Concomitance. Il confirme le «serrage de vis» général avant de livrer sa propore vision de l'avenir..

Alexandre de Juniac: «Le voyage d’affaires joue beaucoup avec nos nerfs !»
Pour le PDG d’Air France pas de doute, «Le voyage d’affaires joue avec nos nerfs !», expliquant qu’à deux semaines des départs, les réservations sont au plus bas et s’accélèrent dans les deux dernières semaines. Il confirme une baisse de chiffre d’affaires qu’il évalue à environ 3% avec un effet lié à l’entrée de la Premium dans les avions. Un vrai succès pour le long courrier, qui entraine le déplacement vers l’avant d’un bon nombre de passagers de la classe éco, ce qui améliore le revenu de la compagnie. Mais sur le moyen courrier, les restrictions provoquent l’effet inverse : les passagers de la business descendent en Premium, réduisant ainsi le revenu.

Autre confirmation d’Alexandre de Juniac, les PME-PMI sont plus dynamiques et plus réactives que les grands comptes. Oui, elles tirent la croissance des dépenses. Dans le même temps le PDG souligne que «Le serrage de vis des politique voyages se heurtent à une certaine inertie des voyageurs, qui tentent de préserver leur confort». Selon lui, 80 % des entreprises ont effectivement une politique voyages et la concurrence provoque une baisse des tarifs. Mais attention, dit il «Attention aux coûts cachés, aux fausses économies. Il ne faut pas trop dégrader le confort». Il estime que la compagnie fait pour sa part de véritables efforts pour jouer la qualité. La preuve : «A bord en moyen courrier et depuis le 28 octobre, le plateau devient mangeable». (sic !).
A propos de la mobilité, Alexandre de Juniac révèle qu’une centaine de personnes travaillent à suivre twitter et Facebook pour Air France - KLM, afin de faire des réseaux sociaux et du téléphone portable «un outil de communication majeur», ne serait - ce que pour signaler les aléas de la météo, des retards ou des changements de portes d’embarquement. S’enflammant pour le boarding pass, le PDG fait d’ailleurs un lapsus amusant : «Cela va devenir un souci… Euh, un outil formidable pour tout le monde».

Un avenir incertain

Alexandre de Juniac a développé quelques points de sa vision de l’avenir pour le transport aérien. Avec des facteurs d’incertitude que sont le ralentissement de la croissance en Europe ou le prix du pétrole. «Depuis environ un an que je suis entré en fonction, le baril est passé de 100 dollars à 87 pour remonter à 109, j’ai ainsi deux milliards qui se baladent dans les comptes sans contrôle!». Côté optimisme, le patron d’Air France souligne que les compagnies aériennes savent être «disciplinées pour réduire les sur-capacités afin d’éviter que les prix ne s’effondrent», ce qui aide l’industrie même si cela provoque les regrets des acheteurs voyages. Par ailleurs le PDG remarque que «le développement économique permet à 50 millions de gens d’accéder chaque année à la capacité d’acheter un billet», ce qui augmente d’autant les marchés. Il reste que les clients se déplacent. Est-il possible de vendre aux chinois des produits français alors que, si l’on prend l’exemple d’un couteau et d’une fourchette à bord, ils ne savent pas s’en servir et que «cela leur fait perdre la face ? Il y a des questions à se poser, il faut repenser les produits». Par ailleurs les produits évoluent sous les coups de boutoir des low-cost «qui viennent sur l’affaire alors que nous allons vers leur technique du développement des recettes annexes». Il n’en dira pas plus, renvoyant aux annonces liées à la création du Pôle Régional Français, «en janvier ou février prochain».
Enfin quant aux alliances, le PDG d’Air France souligne qu’elles évoluent : «Elles donnent aux voyageurs d’affaires une diversité et une accessibilité fondamentale au monde entier. Il reste à travailler sur la qualité pour qu’elle soit dans toutes les compagnies au même niveau. C’est notre objectif et notre défi», dit-il.
Pour terminer, Alexandre de Juniac devient lyrique : «Nous faisons un métier de services, même si 15 000 de nos emplois sont des emplois industriels. Et servir, pour moi, c'est un grand mot. Cela veut dire qualité, sécurité et réactivité. Avec l'obligation d'être beaucoup plus rapides». Pour lui, le changement des programmes de vols en deux saisons est un non-sens : «Il ne faudrait pas changer tous les six mois les saisons de l'aérien, mais tous les 15 jours !».