Alexandre de Juniac pourrait-il quitter Air France?

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Il est toujours difficile d’affirmer que des bruits suffisent à faire l’info. Si le tout Paris du business bruite d’un changement de poste pour Alexandre de Juniac, la réalité du terrain ne le confirme pas. Pourtant, certains soulignent que la période de tir serait idéale. Dans quelques mois, la rupture avec les pilotes va durcir les relations sociales et la gestion des escales ne se fera pas en douceur.

Disons le tout net, nous sommes dans la fiction plus que dans la réalité.

Fort de la réussite actuelle du plan Transform 2015, le Président d’Air France peut apparaître comme un homme de dialogue. Sans doute l’est-il même si on lui reproche d’être avant tout un politique doué pour la communication. «Il y a dans l’organigramme d’Air France un manque évident d’autorité», remarque un cadre qui regrette que personne ne décide avec fermeté de la ligne à suivre. Transform 2015 avait pour but avoué de remettre en orbite une compagnie bien mal en point. La baisse du prix des carburants et la refonte des programmes de vol ont aidé l’entreprise à sortir provisoirement la tête de l’eau. «Mais le pire reste à venir», estime anonymement un proche du dossier qui reconnait que le Président de la compagnie est «bankable» et pourrait attirer bien des regards sur lui.

Mais où pourrait-il aller? La rumeur évoque Safran avec insistance. Les départs annoncés pour 2015 de Jean-Paul Herteman et Marc Ventre, respectivement n°1 et 2 du groupe, laissent une place vacante qu’il faudra combler. L’Etat qui se désengage de l’entreprise en favorisant un rapprochement avec Airbus ne verrait pas cette opération d’un mauvais œil. Alexandre de Juniac a une image d’industriel. N’oublions pas son passé chez Thomson, Sextant avionique ou Dassault Électronique. Un passé qui lui a permis de prendre parfaitement conscience des enjeux aéronautiques de la France. Bref, dans les milieux économiques et industriels, il fait office de candidat idéal.

Au-delà de la possible réalité de ces faits, Alexandre de Juniac sait que les nuages se rapprochent d’Air France. L’idée de voir un pôle pilote «groupe» se faire entre Air France, Transavia, Hop ! voire KLM s’éloigne. La rupture avec les pilotes, engagée il y a quelques semaines, ne lui permet pas de faire évoluer sereinement sa vision sociale du groupe. Enfin, la faiblesse de l’économie et la concurrence acharnée du transport aérien ne sont pas favorables à la compagnie française, qui peine toujours gravement sur le court et moyen courrier. Partir en pleine gloire serait loin d’être une mauvaise idée. Mais est-ce bien réaliste ?

Interrogée, la compagnie a formellement démenti l'information, précisant même qu'il s'agissait d'une vieille rumeur qui circule sur le net (nous ne l'avons pas retrouvée). Mais le plus important, selon notre interlocuteur, c'est que "le Président se projette dans le long terme", ce que devrait confirmer une interview à venir dans les Echos. De quoi rassurer les acheteurs qui ont besoin d'une visibilité et d'une continuité à la tête de la compagnie. En même temps, ils ont surtout besoin de visibilité et de garanties sur les prix et les lignes. Est-ce que c'est le pilote de la compagnie qui les incarne?

Marcel Lévy