Alexandre de Juniac prend le manche d’Air France

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C'est fait, le comité d'éthique a validé la nomination d'Alexandre de Juniac au poste de PDG d'Air France. Dès ce mercredi 16 novembre, il aura en charge une compagnie bousculée par une économie en yoyo et un personnel qui attend que l'amélioration des conditions de travail soit l'une des priorités du nouveau Président. Mais au delà de l'interne, Air France va mener deux batailles à l'international : affirmer sa présence sur tous les continents et faire face à une bataille tarifaire qu'impose la concurrence.

En replongeant dans le rouge en 2011, Air France mesure l'ampleur du travail à engager. Le départ brutal de Pierre-Henri Gourgeon laissera des traces et démontre que personne n'est propriétaire à vie d'un poste qui a été largement convoité. Mais au delà, il devra redonner l'esprit et l'envie de compétitivité au personnel, pour faire de la compagnie une référence du transport aérien mondial. British Airways comme Lufthansa ou Emirates avancent vite, plus vite qu'Air France, pour prendre des parts de marchés indispensables à la croissance de l'entreprise. Jean-Cyril Spinetta, champion du dialogue social, n'a jamais caché que la tâche du nouveau PDG sera aussi de restaurer la confiance entre la direction et le personnel. Les restructurations attendues du court et moyen courrier, les premiers résultats des bases régionales et la concurrence domestique avec le TGV seront des missions à mener rapidement à bien. Les murmures d'un plan drastique d'économique visant à réduire les coûts d'exploitation commencent à se développer. Les syndicats craignent même pour l'emploi, souvent considéré comme pléthorique dans la compagnie. Au final, toutes ces actions à engager n'auront qu'un seul but : réduire l'endettement, la bête noire du groupe. Enfin, il faudra reconquérir le monde avec discernement, pour exploiter et développer les lignes rentables. Diminuer la capacité et les destinations, c'est laisser la place vide à la concurrence. L'exemple de Bangkok, ou Air France diminue très fortement sa présence, est révélateur et pourrait servir d'électrochoc dans la compagnie qui voit ses parts de marché africaines ou asiatiques régulièrement grignotées.
Monsieur de Juniac, vous êtes donc attendu avec impatience. Vos premiers mots, vos premières actions seront décortiquées et analysées. Ceux qui vous connaissent disent que vous êtes patient et combatif. Deux qualités essentielles au redressement d'une compagnie qui, quoi qu'on en dise, reste chère au cœur des voyageurs d'affaires et des entreprises qui les missionnent.

Marcel Lévy