Alitalia a-t-elle un avenir tout tracé chez Air France/KLM ?

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Malgré les bons résultats enregistrés ces derniers mois, la position d’Alitalia dans le temps reste compliquée. D’un côté l’Italie qui veut réduire ses déficits et de l’autre une opinion publique attachée à la marque, symbole d’une péninsule conquérante. Au milieu, des investisseurs qui, pour plaire à Berlusconi n’avaient pas hésité à signer des chèques. Et maintenant ?

Incontestablement, Alitalia a fait d’énormes progrès dans sa gestion. Ouverture réfléchie de lignes, nouvel aménagement de ses cabines, commandes d’avions,... La reconquête est en marche et tout est en place pour répondre aux attentes d’un marché fragile. Mais cette relative réussite doit prendre en compte le projet d’Air France, qui souhaitait élargir les bras pour l'accueillir dans le groupe que la compagnie française forme avec KLM. A plusieurs reprises, Jean-Cyril Spinetta n’a pas caché que 2013 serait une bonne année pour faire des emplettes de ce type. Pour cet administrateur français d’Alitalia, depuis que sa compagnie a pris 25 % de sa consœur italienne, l'évolution semble plutôt naturelle. Grossir le groupe sur des pays que l’on connaît déjà un peu, proches de chez soi n’est pas forcément une mauvaise idée. Pourquoi 2013 ? C’est à cette date que les actionnaires actuels seront libres de vendre leurs actions. Certains ont déjà fait savoir que, par sécurité, ils envisageraient bien un échange d’actions pour permettre l’intégration d’Alitalia dans Air France. Mais voilà, l’action d’Air France est au plus bas. Pas de quoi rassurer les partenaires transalpins et les investisseurs. De fait, les financiers actuels d’Alitalia sont désormais persuadés que ce n’est pas dans l’aérien que l’on gagne de l’argent. Un proche du dossier a même susurré à un journaliste de la Stampa «qu’Alitalia aurait pu se transformer en low cost si on était certain de gagner beaucoup d’argent avec des avions». Mais n’est pas Ryanair qui veut ! Bref, le dossier est ouvert. Et face à Air France, Lufthansa veille. British Airways étudie. Le dossier est alléchant et la volonté européenne de se développer de ces compagnies est connue. Argument massue, les deux pourraient apporter du cash aux propriétaires actuels, ce qu’ils préféreraient à toute autre solution. Bref, Alitalia est loin d’être une proie facile. Les Français pourraient bien s’en rendre compte... pour ne pas dire s’en mordre les doigts.

Hélène Retout