Alitalia, la compagnie ne vaut financièrement plus rien !

60

Dans un communiqué adressé à toutes les rédactions francophones, la compagnie Alitalia dément qu'un nouveau plan industriel ait été présenté et affirme que "les rumeurs au sujet des réductions des effectifs, d'une discontinuité opérationnelle ainsi qu'une diminution des destinations sont dénuées de tout fondement". Un texte, qui fait sourire les syndicats italiens persuadés que tout et son contraire a été dit à propos d'une compagnie dont tout le monde sait qu'en l'état, elle ne pourra pas poursuivre longtemps ses activités.

Alitalia, la compagnie ne vaut financièrement plus rien !
Selon l'agence économique Bloomberg, qui s'est procurée les minutes de la réunion extraordinaire du Conseil d'administration d'Alitalia, "Les comptes 2013 seront pires que prévu, et la valorisation de la société n'atteint que 50 millions d'euros". Soit 6 fois moins que la recapitalisation demandée à Air France/KLM ! Faute d'un plan drastique d'économies, la compagnie italienne sera au tapis d'ici 6 mois. Et comme le précise Il Messagero: "Si l'on trouve de l'argent pour reconstruire la compagnie, on peut se demander si les syndicats ne la couleront pas face aux plans de restructuration qu'il faudra mettre en œuvre".

Si le redressement d'Alitalia est devenu l'une des priorités du ministre des transports italiens, la méthode, elle, reste encore difficile à comprendre. Les voix officielles qui s'expriment sur le dossier sont discordantes que ce soit au sein de la compagnie, chez Air France ou auprès du gouvernement italien. Et cela alors que la problématique est simple : Alitalia a besoin de 500 millions d'euros pour sortir du rouge sans pour autant régler son problème de base, diminuer les coûts d'exploitation. Partagée entre un nationalisme forcené et un réalisme parfois assez limité, Alitalia a déjà coûté 5 milliards d'euros aux Italiens sans avoir trouvé la moindre solution pour redevenir rentable. D'autant, et l'histoire le confirme, qu'Alitalia a déjà cherché à se marier avec des compagnies européennes. Son rapprochement avorté en 2001 avec KLM avait été très commenté par la Lufthansa qui affirmait à l'époque que le dossier était «impossible à gérer en l'état». Or depuis, pas grand chose n'a changé. Et il y a quelques jours le patron de la compagnie allemande, Christoph Franz, a d'ailleurs confirmé qu'il ne souhaitait pas participer au redressement de la compagnie italienne. Pourtant les remèdes sont connus. Et même si dans son communiqué la compagnie précise que les réductions d'effectifs ne sont pas de mise, tout le monde sait qu'il faudra remettre à plat les plates-formes romaines et milanaises. De fait, le chiffre le plus souvent cité fait état d'un licenciement possible d'environ 3000 salariés. Enfin si Air France confirme son développement au sein d'Alitalia, il est évident que la diminution des destinations sera à l'ordre du jour afin de favoriser le hub de Roissy. Selon nos sources, c'est un élément non négociable pour la compagnie française.