Amadeus: Georges Rudas écrit à ses partenaires à propos de Lufthansa

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Dans un courrier envoyé à ses partenaires que DeplacementsPros.com a pu se procurer, Georges Rudas, le patron d’Amadeus, fait le point sur la situation engendrée par la décision de Lufthansa de facturer 16€ supplémentaire pour toute transaction faite via les GDS.

Premier étonnement de Georges Rudas et premier démenti d’Amadeus: non, le GDS n’était pas informé de la décision de la Lufthansa et pour être bien clair sur le sujet «L’intention de LHG d’appliquer une surcharge était totalement ignorée d’Amadeus. C’est uniquement suite à l’annonce publique de LHG le 2 juin qu’Amadeus a appris cette information». D’autant que, selon nos sources, Amadeus avait souhaité renouveler le contrat global qui le lie à Lufthansa, contrat qui se terminait le 31 mai 2015. Déception pour le GDS qui précise «Nous pensions sincèrement que LHG était engagé également avec nous durant tout ce processus. Il apparaît que ce n’était pas le cas et que LHG n’a pas partagé avec nous ses véritables intentions». Et pan sur le bec.
 
Georges Rudas est clair et précis : «Au 1er juin, seul un accord de distribution globale (Global Distribution Agreement - GDA) reste en vigueur entre Lufthansa et Amadeus. Le GDA (anciennement, Participating Carrier Agreement) est l’accord de base que toute compagnie aérienne signe pour être distribuée par Amadeus, avec ou sans accord Full Content (accord de contenu intégral soit de parité). Le GDA n’est pas un nouveau modèle de contrat et existe depuis de nombreuses années».  De fait, sans cet accord de « full content » qui garantit l’uniformité des prix pratiqués quel que soit le canal de vente, la compagnie allemande peut décider des tarifs de son choix, sur le canal de son choix et avec un yield qui peut être favorable a son propre outil de réservation. De fait, à ce jour, cette annonce désavantagera les agences de voyages.
 
Pour Amadeus, cette vision d’un tarif multi niveaux n’est pas dans sa volonté d’assurer la connectivité, la transparence et la possibilité de comparer facilement toutes les offres de voyage. Et le GDS signale dans son courrier qu' «En 2014, plus de 85% des réservations faites sur Amadeus étaient couvertes par un accord Full Content».
 
Autre source d’étonnement de Georges Rudas, l’écart affiché par Lufthansa entre le coût de la distribution via GDS et son propre site : 18 € pour le GDS et 2€ pour l’accès direct au site de la compagnie. Amadeus s'interroge sur le montant évoqué: «Ce coût de distribution directe à 2€ nous semble significativement sous-estimé. Nous ne savons pas comment LHG est parvenue à ce calcul, mais nous pensons que les coûts technologiques et les coûts internes propres à LHG pour sa distribution directe doivent être supérieurs à 2€. En effet, ce chiffre ne doit certainement pas tenir compte des coûts substantiels liés à l’acquisition du trafic en ligne sur internet, communément estimé dans l’industrie entre 15 à 20€ par billet. Il semblerait donc que LHG soit motivé par des raisons différentes que celles du coût».
 
On l’aura compris, la réponse du premier GDS au monde reste mesurée. Le dialogue doit devenir, pour Georges Rudas, l’élément essentiel de l’évolution de la distribution. Et d’y associer tous les partenaires : compagnies aériennes, agences de voyages, acheteurs de voyages et prestataires technologiques auquel s'est adressé son courrier.

Selon nos premières informations, la Lufthansa devrait engager dans les prochains jours un grand nombre de réunions discrètes sur les évolutions de son offre. A la clé, une accessibilité aux systèmes de la compagnie allemande pour une meilleure utilisation des datas commerciales. Mais les GDS qui l’utilisent vont-ils recevoir les mêmes rémunérations ? Difficile de le dire et de le croire.