Apprendre l’anglais à 30 000 pieds

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Apprendre ou perfectionner son anglais dans l’avion, l’idée fait son chemin chez les cadres voyageurs qui ne manquent pas de méthodes de langue pour s’entraîner.

Bien installé derrière son hublot, le voyageur soucieux de perfectionner sa pratique de l’anglais, indispensable à toute relation commerciale, dispose d’un vaste choix pour assouvir son envie d’apprendre à 30 000 pieds. Plus besoin de professeur, de téléphone ni même d’Internet. Il suffit d’un ordinateur, d’un lecteur MP3 ou encore, pour les plus traditionnels, d’un simple stylo et d’une feuille de papier. Dans cette vaste liste de possibilités, la prime de l’efficacité revient à ces méthodes où l’on dialogue avec son ordinateur. Une bonne idée, sauf qu’en avion… On est rarement seul et le volume sonore général peut sensiblement modifier la perception des textes.
Apprendre l’anglais à 30 000 pieds
My taylor is rich
«Le livre est une excellente porte d’entrée mais ne saurait être une solution d’apprentissage» explique Michel Martel, professeur d’anglais en entreprise. «Le livre permet de lire la langue, d’en percevoir les contours grammaticaux ou pour les plus avancés d‘enrichir le vocabulaire. Il faut se dire que l’anglais ne s’apprend pas. Il se vit, se parle et s’échange en permanence». L’indémodable Bescherelle fait en effet son retour dans les librairies. Basique certes, mais efficace. Au menu de la collection anglaise, la même trilogie (grammaire, conjugaison orthographe) que son cousin francophone. Rien de tel pour remettre à jour ses bases, réviser son vocabulaire et se plonger dans la conjugaison des verbes irréguliers. 10.50 € chaque ouvrage. L’anglais pour tous (10.95 €), toujours chez Bescherelle, compile tous les outils nécessaires au voyageur pour mieux communiquer dès son débarquement à l’aéroport. Ceux qui préfèrent peaufiner le vocabulaire spécifique des affaires se plongeront dans les lexiques de vocabulaire spécial business. Le plus complet : Harrap's - Capital l'anglais des affaires dictionnaire & guide de communication, 25 €. Un répertoire riche de 42 000 mots et expressions spécifiques, enrichi de définitions illustrées par des extraits de la presse internationale. Idéal pour préparer une réunion de travail, un entretien professionnel ou tout simplement pour bien rédiger son courrier. Sur papier toujours, mais accompagnés d’une méthode numérique, voici les magazines Vocable. Bien connus des étudiants, ces revues bi-mensuelles offrent une sélection d’articles extraits de la presse anglo-saxonne comme The New York Times, The Independent ou le Herald Tribune. Les sujets sont variés : société, économie, actualité générale, culture et sont répartis selon le degré de difficulté du texte. Pour chaque article, les mots compliqués sont traduits ou expliqués en anglais pour l’édition All In English. Chaque numéro s’accompagne d’un CD dont le contenu est entièrement téléchargeable sur MP3. Deux types d’exercices y sont proposés. Le premier est une émission de radio où une animatrice discute avec un invité sur un sujet d’actualité. Dans le second, un anglophone lit à haute voix des articles contenus dans l’édition papier. L’abonnement annuel au magazine est à 42 €. L’abonnement au magazine et au CD (conversation ou lecture) est à 210 €. www.vocable.fr.
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PREPARER LE TOEIC ?
Le TOEIC® (Test Of English for International Communication™ Vocable) est un examen d’anglais qui évalue et certifie les aptitudes en compréhension orale et écrite des candidats en anglais professionnel international. Il permet aux entreprises d’évaluer le niveau linguistique de leurs collaborateurs, leurs besoins en formation ou leur potentiel en vue d’une mobilité internationale. De nombreuses écoles proposent des modules de préparation à cet examen, comme Vocable, Wall Street Institute ou Berlitz. Si ce TOEIC repose autant sur un savoir grammatical que sur une compréhension orale, il ne doit pas devenir obsessionnel pour celui qui ne cherche qu’à tenir une discussion commerciale. Pour savoir votre niveau d’anglais, Michel Martel est formel «regardez une télé anglaise ou américaine et essayer de traduire en temps réel. Moins de 15 mots compris en une minute vous obligera à prendre ou reprendre des cours».
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«C’est en parlant que l’on apprend à parler !»
Un slogan commercial sous forme d’une Lapalissade ? Pas si sûr car le maître mot de l’apprentissage linguistique repose bien évidemment sur la communication. L’utilisation des CD audio et autres MP3 pour écouter et répéter des phrases semble donc approprié, voire indispensable.
Chez Tell Me More (fr.tellmemore.com), on applique à la lettre le principe « apprendre c’est répéter ». Un véritable dialogue s’instaure entre l’ordinateur et l’utilisateur. Ce dernier prononce une phrase qui est analysée par un système de reconnaissance vocale pour vérifier la justesse de sa prononciation. Dans chaque pack, contenant un DVD et un casque, une quarantaine d’activités sont proposées, du dialogue de présentation à la concordance des temps. La méthode fait appel à la compréhension et à l’expression orale puis écrite. Petit bémol toutefois concernant la reconnaissance vocale calibrée selon un accent bien défini. Pour autant, la méthode affiche un taux de satisfaction de 93 % avec près de 5 millions d’utilisateurs à travers le monde. Tell Me More a d’ailleurs pensé aux voyageurs d’affaires avec son produit pack expert anglais : 10 niveaux de langue répartis sur 4000 heures d’apprentissage. Un DVD spécial Business est également inclus avec 300 heures de leçons. Le tout pour environ 400 €. A noter que le DVD Business est vendu séparément pour 99 €. On y apprendra comment mener un entretien commercial ou construire une campagne de pub. Petit plus, les 4000 heures de leçons sont réparties entre l’anglais britannique et l’anglais nord-américain. Il suffit de choisir sa langue lors de l’installation. Choix qui peut être à tout moment modifié. L’entreprise lancera également au mois d’octobre un nouveau concept : Tell Me More Euronews. Des leçons basées sur l’écoute d'un reportage de la chaîne d’information Euronews. La vidéo est diffusée avec possibilité d'afficher le script. L’utilisateur travaille ensuite le contenu au travers de questions de compréhension, d'exercices de grammaire, de vocabulaire et de prononciation des nouveaux mots. Un produit qui vise à familiariser les hommes d’affaires avec les reportages audiovisuels anglo-saxons sur des thématiques économiques, politiques ou scientifiques. La méthode de 50 leçons sera en vente chez les distributeurs au prix de 75 €.
La maison d’édition Harrap’s possède également sa propre méthode d’e-learning : Michel Thomas. Ce linguiste polonais a développé au siècle dernier une méthode d’apprentissage rapide des langues purement orale. Une pédagogie interactive qui se veut « facile et sans contrainte ». Nul besoin de prendre des notes, il suffit simplement de répondre aux questions du formateur. Tout se fait à l’oreille. Les règles sont répétées régulièrement pour bien les mémoriser et les mots difficiles sont épelés. La méthode se compose de 5 CD d’environ 75 minutes chacun, accompagnés d’un livret mode d’emploi 50 €. Ceux qui possèdent déjà des bases linguistiques opteront pour Harrap’s Michel Thomas Vocabulaire d’anglais. En 6 heures de leçons le logiciel promet aux utilisateurs d’enrichir leur vocabulaire de plus d’un millier de mots. L’objectif est de pouvoir s’exprimer naturellement en toute situation, avec une prononciation authentique et un vocabulaire dense. Le cours est dispensé par un professeur assisté de deux natifs, un britannique et un américain, pour perfectionner son accent. Il se divise en trois parties : apprendre de nouveaux termes, les verbes, et les expressions courantes. 5 CD d’environ 70 minutes chacun, accompagnés d’un livret mode d’emploi le tout pour 41€.
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Du Vinyle au MP3
L’attrait envers les langues étrangères ne date pas d’hier. « Les premières leçons s’écoutaient sur des vinyles » se rappelle Yannick Chérel, petit fils du fondateur de l’école Assimil et actuel directeur. « Puis nous sommes passés aux cassettes et enfin au numérique. » qui explique que « Les méthodes d’auto-apprentissage coûtent beaucoup moins cher que des cours classiques avec un professeur physiquement présent. Elles sont également plus souples car l’utilisateur peut travailler d’où il veut, 7/7 jours et 24/24h ». Son entreprise peut-être considérée comme l’une des doyennes du secteur avec près de 80 ans d’expérience. Elle se targue d’être utilisée par près de 20 millions de personnes à travers le monde. Son apprentissage est basé sur le concept d’assimilation passive, un principe simple. Notre langue maternelle, en l’occurrence le français, a été apprise en écoutant ses parents, ses proches, grâce à une assimilation progressive du sens des sons puis des mots. C’est ce lent processus qu’Assimil utilise, en l’adaptant bien sûr aux capacités d’un adulte. La méthode prône une immersion quotidienne de 20 à 30 minutes dans la langue anglaise. Il faut inlassablement répéter les phrases à haute voix pour perfectionner sa diction. A partir de la cinquantième leçon, l’utilisateur est apparemment capable de restituer le texte en anglais oralement ou par écrit à partir du texte français. L’assiduité est une condition nécessaire pour acquérir, selon l’éditeur, « un vocabulaire de 2 000 mots en moyenne, alors que 1500 sont suffisants pour s'exprimer de façon quotidienne. ». Chaque pack Assimil est composé d’un livre d’apprentissage comprenant de 70 à 150 leçons avec des enregistrements téléchargeables sur un lecteur MP3. Idéal pour découper la leçon phrase après phrase, afficher les textes ou faire une recherche par l’index. « Bien sûr nous n’avons pas la prétention de remplacer les enseignants mais nous tentons de proposer une solution alternative destinée aux autodidactes » poursuit l’homme de l’art « Nos méthodes s’adressent aussi bien aux débutants qu’à ceux qui ont déjà des bases.
15 à 20 minutes quotidiennes durant 6 mois sont alors suffisantes pour tenir une conversation courante. Cela peut surprendre mais il est possible de progresser sans effort, sans apprendre par cœur, simplement en lisant attentivement les phrases. »
Pour les hommes d’affaires, la collection Nouvel Anglais des Affaires a d’ailleurs été pensée pour ceux qui souhaitent aborder la vie des affaires internationales avec aisance. Les utilisateurs sont initiés aux rouages du monde anglo-saxon en suivant le parcours professionnel d'une jeune universitaire britannique. Le pack contenant un livre et 4 CD audio est vendu 69.90 € mais n’est pas encore disponible en MP3. Mais la révolution est attendue pour cet hiver. Un tout nouveau lecteur optique, de la forme d’un gros stylo, permettra de pointer sur le livre la phrase de la leçon pour l’entendre immédiatement. Plus besoin de faire défiler les 20 derniers cours pour arriver à celui désiré. Un gain de temps appréciable pour plus de liberté.
Le logiciel Instant English reprend le credo de l’apprentissage sans effort. Son site, très racoleur, promet que l’utilisateur n’aura « rien à apprendre par cœur ». Il pourra acquérir « un accent impeccable » grâce à « une pédagogie naturelle ». Pour Pierre Alloueteau, président de Idegraf SA qui commercialise Instant English, « le principe se calque sur l’apprentissage de la langue maternelle : c'est-à-dire sans faire aucun effort ». Il s’est particulièrement intéressé aux difficultés linguistiques des hommes d’affaires. « Leur problème n’est pas grammatical mais lexical. Il faut leur apprendre à penser dans la langue, pour qu’ils ne cherchent plus leurs mots. » Un but qu’il promet d’atteindre en 52 leçons d’environ 30 minutes quotidiennes. Sans quoi l’entreprise s’engage à rembourser les insatisfaits. Chaque cours, que l’on peut télécharger en MP3, peut-être suivi en Anglais et en Américain. Environ149 € l’ensemble.

Forts de leur succès, les éditeurs se targuent d’avoir été choisis par des grandes entreprises pour faire progresser leurs salariés. La méthode Michel Thomas aurait même été utilisée par des diplomates, industriels et autres célébrités. Reste donc à l’utilisateur de faire son choix. Les différentes écoles proposent « online » des tests gratuits qui donnent un aperçu global de la méthodologie employée.

Laury-Anne Cholez
Apprendre l’anglais à 30 000 pieds
5 conseils pratiques
Apprendre demande un minimum de mise en condition et chaque élément de la méthode doit se choisir avec soin.
- LE CASQUE. Même si de nombreux packs offrent un casque il n’est souvent pas assez performant pour s’isoler des bruits parasites dans un avion. Mieux vaut s’équiper d’un appareil fermé sur les oreilles pour mieux entendre sa leçon. Les casques munis d’un atténuateur de bruit (du type Bose ou Koss) sont préférables à tout autre en avion. Eviter les produits trop ouverts qui déforment la perception de l’accent.
- LE MP3. Un écran digital ainsi qu’un système de navigation efficace est indispensable pour rechercher sa leçon dans l’index général. Veillez à choisir un produit capable d’afficher des images (voire de la vidéo) les MP3 multimédias arrivent.
- MAC ou PC. Bien vérifier lors de l’achat que son logiciel est adapté à MAC ou à PC. Certains voyageurs qui utilisent les deux plates-formes pourraient regretter de ne pas promener leur méthode d’une machine à l’autre.
-PAPIER. Bien que la plupart des méthodes se targuent d’enseigner une langue sans prendre aucune note, il peut être bon d’avoir sous la main un petit répertoire pour noter les mots les plus difficiles ou les expressions idiomatiques.
- TEMPS. La plupart des méthodes recommandent de passer 30 minutes par jour sur une leçon. Le temps d’un vol étant relativement long, on peut être tenté d’enchaîner les modules d’une seule traite. Mieux vaut résister à la tentation et suivre le rythme recommandé car il n’y a pas de miracle. Pour apprendre une langue, il faut du temps.