Après le ROI, connaissez-vous le RONI ?

141

Dans le monde des Events, du Mice, la nouvelle tendance, c’est bien le RONI. Plus qu’une tendance lourde, le RONI est une réalité bien ancrée dans la tête des acheteurs, des donneurs d’ordres, organisateurs et autres faiseurs ou prescripteurs…

Le Return On Non Investment existe (RONI)! Avant, mais ça c’était avant, on ne mesurait rien, on faisait et inconsciemment, on savait. On imaginait le retour, on interprétait l’ambiance et les commentaires. Suffisant dans bien des cas, personne n’allait voir plus loin. Après tout, cela rapportait, des sous et donnait un sentiment d’appartenance à une famille professionnelle, de l’adhésion à une marque, à un nouveau produit ou de la stimulation des ventes, de la fidélité client ! Et on était heureux d’avoir organisé des séminaires et conventions réussis, des voyages événementiels chargés de messages et de souvenirs, des soirées à fortes valeurs ajoutées..

Après, mais ça c’était aussi après, on a voulu mettre des chiffres, mesurer l’impact de l’euro investit. Sont alors nés des outils de mesure, quali, quanti, financiers…On était toujours heureux, mais tout cela devenait plus compliqué. Il fallait « justifier » !

Aujourd’hui et ça c’est déjà là (ce n’est pas pour demain) on arrive presque à une vraie aberration : mesurer ce que l’on n’investit pas, demander un retour sur non investissement (ou très faible) : le RONI.

Je vous l’assure, c’est à la porte des entreprises. Vous savez celles qui donnent des budgets fermés (en réduction de 30 à 50%) mais veulent tout aussi beau, tout aussi travaillé… Comme avant. Celles qui refusent d’investir, car la direction a décidé que l’humain n’était plus au cœur du système et que le séminaire sera moins… la convention réduite à… le cocktail dînatoire de la soirée ramené à tant… mais attention il faut des résultats ! Mais attention cela doit rapporter et plus qu’avant !

Vous les connaissez ces entreprises, peut-être la vôtre, celle de votre concurrent, votre prochain client…où on vous dit ne pas avoir de budget tout en exigeant la lune et pour les plus triviaux, tout ce qui va avec la crémière !

Aurore, ma collaboratrice, tout juste sortie d’un rendez-vous de prospection, lança l’idée d’une réunion de créativité à l’agence pour créer le modèle économique du RONI. Économiquement, c’est simple : pas d’investissement et un max de retombées.

On n'en est plus à la vraie valeur ajoutée, la désintermédiation (quelques uns de mes sujets favoris), ce serait trop beau. Le RONI, c’est demander un retour à la démesure de ce que l’on ne met pas. Le RONI, c’est attendre un résultat à la hauteur du non investissement réalisé.

Le RONI, c’est une équation magique, ambitieuse, irréaliste, délirante, dangereuse… qui fixerait un montant de retours attendus inversement proportionnels aux montants non investis.

C’est délirant de constater que des entreprises se mettraient en danger en espérant que ce fameux retour sur investissement arriverait seul… Sans investissement réel. Que cette contrepartie évènementielle ou MICE tomberait du ciel… sans y mettre un sou !

Certains «briefs» deviennent aberrants et nous avons décidé, j’ai décidé, de ne plus y répondre, de refuser ce NON BUSINESS qui frappe à ma porte.

Aurore - qui est en charge du planning stratégique et de la coordination création à l’agence - sait qu'il lui est désormais interdit d’appliquer le RONI à nos fournisseurs et prestataires, pour rester totalement engagée dans le redressement appelé productif.

Restons positif, dans les mots, les actions, les terminologies… Préférons à tout des principes chargés d’avenir, d’ouvertures… Fais à l’autre tout le bien que tu aimerais qu’il te fasse est quand même plus intéressant et enrichissant que : "Ne fais pas à l’autre…"

J’ai donc fortement tendance à supprimer le N dans RONI, virer cette négation.
Et si on lançait la Manif contre le RONI pour tous !

Serge TAPIA
Mice Angels et Au service de l’événement