Arrêtons d’avoir peur des « ancillary revenues » dans l’aérien

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Voilà donc le grand sujet du moment : les frais complémentaires issus de nouveaux services rajoutés à un produit de base et qui viennent alourdir l'addition finale. Dans le monde de l'aérien, les low-cost ont donné le ton en démontrant qu'un café valait entre 2 et 3 euros et que pour avoir des billets pas chers, libre à chacun de s'offrir ou non la tasse de Nescafé de son rêve. C'est simple, clair et sans appel. C'est tout simplement ce qui se passe dans la vraie vie.

Depuis quelques mois, on a le sentiment de découvrir que le "à la carte" est bien de ce monde. Prenons l'exemple d'un restaurant. Entre une piquette et un Petrus, la marche est haute. Personne ne peut m'empêcher de m'acheter un tel millésime sauf peut-être mon époux, gardien des finances familiales, ou mon travel manager, cerbère des dépenses de l'entreprise. Si je veux un dessert, un fromage ou un pousse café... Je fais le choix d'aller au delà du prix du menu de base affiché en façade du restaurant. Je le sais, je suis habitué. Idem pour les voitures où, à l'exception de certains modèles chez Roll Royce, estimons nous heureux d'avoir un moteur ou une ceinture de sécurité. Même la peinture peut être à la carte. Il en va ainsi de la vie courante : chacun fait avec ses moyens ou ceux engagés par sa société.
Franchement, on pourrait s'étonner de voir les compagnies aériennes se jeter aujourd'hui dans la bataille du prix sur mesure. On l'attendait depuis longtemps ! Le marketing client est donc une science nouvelle pour les transporteurs, même s'ils apprennent vite. Cela va t-il changer le regard des acheteurs "voyages" ? Sans doute au début, mais en quelques mois tout va rentrer dans l'ordre. Vont-ils interdire de telles dépenses ? A eux de voir ce que l'entreprise peut ou non permettre mais soyons réalistes : va t-on risque de bousculer la paix sociale pour un plateau repas ou un café ? Les 15 euros de suppléments viendront-ils mettre en danger l'entreprise ? Le voyageur, déjà cerné de contraintes, ne va t-il pas se rebiffer si on lui interdit certains services à bord ? Un peu de sérieux. Arrêtons donc ces discussions sans fin sur un sujet déjà dépassé. Et de vous à moi, on le voit déjà sur certaines compagnies, la gestion des suppléments devient vite complexe à bord d'un avion. Vous avez pris l'option fromage ou pas ? Le café, vous avez acheté un sucre ou deux ? Bienvenue aux hôtesses de l'air qui vont apprendre à jouer à la marchande à 30 000 pieds d'altitude. De fait, snacks et autres services vont s'agréger aux offres de transport. En deux ou trois lignes de code informatique, cela sera réglé dans les SBT. Passons à autre chose.
Et les sujets ne manquent pas. La concentration aérienne devrait, elle, conduire à une réelle hausse du prix du billet de base. Des compagnies du Golfe aux low cost, le mouvement est en marche. Et là pas question de s'interroger. Votre Airbus, vous l'avez pris avec un ou deux moteurs ? Un siège ou un tabouret... ? Que de belles et vraies questions.

Hélène Retout