Avant première: un rapport explosif détaille la mécanique financière de Ryanair

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Ryanair ne manque pas d'imagination et d'ingéniosité fiscale pour coller à son titre de compagnie à bas coût. Tel est le constat de l'édition hors série du magazine de l'APNA (Association des Professionnels Navigants de l'Aviation) publiée en juin.

Pour son exercice 2014/2015, la compagnie Ryanair a affiché un bénéfice net de 522,8 millions tandis que ses revenus se sont améliorés de 12% pour atteindre 5,654 millions d'euros. Pour l'APNA, derrière ce succès impressionnant se cache une mécanique financière très bien huilée où les principaux postes de coût sont pris en charge... par d'autres.

Premier exemple : la formation. Ce sont les équipages qui la paient. Ainsi les candidates au métier d'hôtesse de l'air sont invitées à verser 2500 à 3000 euros, soit directement ou par prélèvement sur leurs futurs salaires. Les pilotes débourseraient pour leur part entre 5000 et 13000 euros.

Selon l’organisation, la compagnie a également trouvé plusieurs solutions pour réduire le coûts de la main-d’œuvre, pourtant un des plus gros postes de dépense du secteur aérien. "Malgré ses 72 bases réparties dans 30 pays, cette compagnie réussit l’exploit de ne salarier personne en dehors de l’Irlande pour ce qui concerne le personnel au sol : vous avez bien lu, les 230 employés qui travaillent pour Ryanair à Beauvais sont des salariés de la Chambre de commerce et des collectivités locales, et pas des salariés de Ryanair, et c’est partout comme ça ! Quant aux pilotes, seulement 25% sont salariés et uniquement avec un "Dublin contract", charge aux autres de s’établir comme entrepreneurs individuels à leur compte", explique l'auteur du rapport.

En plus de ses coûts optimisés, Ryanair peut compter sur une manne financière. Elle toucherait ainsi, selon l'APNA, entre 800 millions d’euros et 1,2 milliard d’euros d'aides, ristournes et contrats de promotions de la part des chambres de commerces, régions et autres instances locales. "L’une des principales sources des revenus annexes de Ryanair est très certainement les aides d’État. Elles sont souvent ventilées en fonction de leur provenance, et selon qu’il s’agit d’une aide à l’ouverture de ligne ou d’un contrat marketing aux termes très flous", assure le rapport.
Par exemple, selon les documents obtenus par l'association, 24 communes italiennes et la Chambre de Commerce de la province de Trapani se seraient ainsi unies pour verser plus de 2 millions d’euros à Ryanair par an et pendant trois ans en avril 2014. Ce modèle est mis en place dans toute l'Europe et même en France. L'APVP («Aéroport Paris-Vatry Project »), structure chargée d'assurer le démarrage et la promotion de l’aéroport Paris-Vatry, a versé 750 000 euros à Airport Marketing Services (AMS) - filière de la compagnie en charge de la «promotion touristique des aéroports» - en 2010 lors de l'ouverture des dessertes de Stockholm et Oslo. La raison de cette somme ? L'AMS devait faire la promotion de la région sur Ryanair.com. En outre, le contrat signé prévoyait qu'elle reçoive 1,5 million d’euros supplémentaires en cas d’ouverture d’autres lignes.

Ce rapport très détaillé montre que la compagnie irlandaise sait profiter des fiscalités, législations, réglementations et autres opportunités pour vraiment réduire ses coûts.

Téléchargez ci dessous le rapport de l'APNA