Avec la techno actuelle, on replonge dans le passé !

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Dans une vie antérieure, j'ai œuvré pendant plus de 15 ans dans l'univers de la nouvelle techno. A cette époque, celle où les dinosaures étaient encore de simples glaçons, nous avons refait le monde, à l'image de ce que j'entends aujourd'hui dans les allées des salons. La naissance du PC, du modem, des écrans couleurs ont biberonnés nos jours et nos nuits. Aujourd'hui, les mook, les learners, la gamification, les digg like, le SEO et autres mots barbares viennent se frotter à l'e-réputation et à la centaine d'expressions incompréhensibles qui animent les diners de geeks.

Je ne jetterais pas la pierre à ces fans de techno, persuadés que l'avenir se fera autour de ce qui existe aujourd'hui. L'exemple du Big Data est révélateur. Rhabiller la Business Intelligence à la sauce web est passionnant... Mais pour quoi faire ? Car là est la vraie question de la technologie : à quoi va t-elle servir ? A l'époque évoquée plus haut, nous avons testé, le plus sérieusement du monde, des centaines d'objets qui ont disparu dans les fosses profondes de l'oubli. Et pourtant à l'époque, nous frôlions la "révolution" à longueur des titres que nous rédigions pour une presse spécialisée, alors enthousiaste.

Surtout ne nous moquons pas de ce futur qui se compose aujourd'hui. L'époque est différentes sur la forme mais semblable sur le fond. La techno est un moteur essentiel pour améliorer la vie de tous les jours. Un moteur... Et un risque. La surconsommation née des années numériques a engendré des besoins inutiles que les entreprises ont pourtant adopté avant de les oublier ! Mais au delà du besoin, le digital a transformé le cerveau humain en un coffre fort superficiel. Savez vous qu'il faudrait 6 années de lecture pour venir à bout d'une seule journée de publication sur le web ? L'équivalent de 80 % des informations récoltées depuis des siècles a été publié en ligne en deux années à peine. On le voit, "l'essentiel réaliste" devient la règle de base de toute technologie. Surtout dans le cadre de la mobilité où le temps est compté et les écrans parfois de petite taille. Bref, innovons mais n'oublions jamais pourquoi. Une fois passée l'effervescence de la nouveauté, il faudra aller à l'essentiel, à la réalité. D'autant que nos voyageurs ont, au delà d'une vie professionnelle, une vie privée, elle aussi richement numérique. N'en jetons plus, la coupe est pleine!

Marcel Lévy