Avions sans pilote, Boeing veut se lancer

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Voilà 10 ans déjà que les deux avionneurs Boeing et Airbus s’interrogent sur l’intérêt et la réalité d’un avion sans pilote. Le principal frein à la mise en place d’un tel appareil est bien plus psychologique que technologique. On sait désormais faire voler, avec une très grande précision, des drones militaires et l’on peut imaginer sans peine que des avions civils basés sur les mêmes technologies sont à portée de main des constructeurs.

Accepteriez-vous de monter demain dans un avion sans pilote ? En une décennie, les réponses formulées par les voyageurs ont changé. Force cependant est de reconnaître, si l’on en croit un sondage Gallup réalisé aux USA en 2015, que plus de 60 % des passagers avouent leur inquiétude face à ce projet. Mais un avion sans pilote ne veut pas dire qu’il n’y aura pas un commandant de bord dans l’appareil. Pour Boeing, comme pour Airbus d’ailleurs, le rôle du pilote sera limité au strict minimum pour laisser les ordinateurs de bord gérer l’ensemble du vol.

La montée en puissance de l’intelligence artificielle, associée à la miniaturisation des composants électroniques et des ordinateurs, a conduit les ingénieurs à développer depuis trois ans des cockpits autonomes, c’est-à-dire sans pilote. En clair, l’appareil est techniquement réalisable et pourrait être mis en place des 2018. Pas moins de 64 ordinateurs, tous redondants au cas où l’un d’entre eux tomberait en passe, seraient installés pour gérer un peu plus d’un milliard d’instructions à la seconde. Grace à l’IA, ils embarqueraient un historique de plus de 600 millions de vols, des plus simples aux plus complexes, ce qui leur permettraient de disposer des solutions existantes s’ils rencontraient des difficultés comparables.

À la veille de l’ouverture du salon du Bourget, la plupart des constructeurs veulent montrer à leurs clients qu’ils sont prêts. Chez Boeing toujours, un ancien pilote interrogé par CNBC, Mike Sinnett, prévoit de tester la technologie dans un simulateur dès cet été avant de prendre les commandes d’un véritable avion en 2018. Pour ce spécialiste, "l’intelligence artificielle réagit bien plus vite que ne le ferait un pilote et permettrait, sans aucun doute, d’éviter des erreurs humaines qui parfois peuvent être tragiques".

Face à la pénurie annoncée des pilotes, le projet séduit un grand nombre de compagnies. Sans pour autant que l’une d’entre elles ait déjà manifesté officiellement son intérêt pour une exploitation commerciale. Si Boeing arrive à démontrer qu’un avion sans pilote vole aussi bien si ce n’est mieux qu’un avion normal, on sait que plus d’une vingtaine de compagnies dans le monde pourrait très rapidement acquérir un tel modèle. Mais pour être réellement convaincant l’avion sans pilote devra passer plus d’un millier de tests pour satisfaire aux règles de sécurité actuelles. Il doit apprendre à réagir en cas de collusion avec des oiseaux, de changements atmosphériques brutaux ou de conditions défavorables à un atterrissage en urgence. Mike Sinnett reste prudent : "Nous n’en sommes qu’à la période d’essai, de réflexion et d’analyse. Ce qui est certain, c’est qu’un tel avion existera avant la fin des années 2050 sans que personne ne s’interroge sur sa sécurité".

Bonne nouvelle, même Michael O’Leary le patron de Ryanair n’a pas commenté le projet, lui qui pense certainement que ce serait pourtant la meilleure façon de lutter contre son obsession, les grèves des pilotes.