Baromètre commenté FCM Travel – DeplacementsPros.com

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Publié à l’occasion de l’IFTM la semaine dernière, le tout dernier Baromètre annuel des voyageurs d’affaires confirme la reprise mais une reprise « raisonnée » : les déplacements professionnels augmentent, mais seulement s’ils sont justifiés. Les voyageurs ne se plaignent pas, mais ne perdent pas leur temps et privilégient les voyages d’un jour lorsqu’ils sont réalisables. Le temps de la maturité ?

Cette version du Baromètre présentée par Marcel Lévy, rédacteur en Chef de DeplacementsPros.com, a été commentée par Jordy Staelen, patron France de FCM Travel, Mathieu Gufflet, co-fondateur du cabinet Conseil Epsa et Yann Le Goff, acheteur spécialisé, à l’occasion de sa publication à l’IFTM. Nous en avons déjà publié la synthèse mais les commentaires méritaient une plus ample place avec les slides adéquates.
Le Baromètre confirme la reprise, sauf pour les voyages internes : manifestement, les entreprises et les collaborateurs ont remis les déplacements à leur juste place, ils ne se font qu’en étant nécessaires et utiles aux affaires. On pourrait dire avec un véritable R.O.I. Entre septembre 2015 et juin 2016, 47% des voyageurs se sont autant déplacé que l’année précédente ou plus (42%).

Matthieu Gufflet : Ces déplacements confirment une croissance de 2% du chiffre d’affaires du marché que nous avons estimé à 27 milliards d’euros (28,2 milliards en 2017), avec une pente constante en hausse à ce niveau depuis deux ou trois ans.

Jordy : Plus de voyages oui, mais des dépenses en baisse, cela confirme notre constat d’une augmentation du nombre de transaction mais avec un prix moyen du billet en légère baisse : les outils, le travail des TMC et les politiques voyages resserrées agisent…

Yann : Il faut aller chercher le business, c’est logique de privilégier les déplacements utiles et de constater une baisse des prix, elle accompagne la croissance des compagnies low-fares. Avec des prix plus raisonnables on voyage plus, et le prix des segments baisse.
Jordy : Cette tendance est un vrai changement chez les clients, il s’agit d’évaluer la pertinence du déplacement plus que son prix, et on se concentre sur les déplacements à valeur ajoutée. La visioconférence a effectivement pris une place de plus en plus grande pour les contacts internes et les outils collaboratifs sont très pratiques et évitent de faire des kilomètres pour rien.

Matthieu : Les logiciels qui évaluent la pertinence des déplacements se développent. 11% des visites internes en moins, cela reflète vraiment la tendance. Le voyage est utile pour sortir de la crise, mais on privilégie la qualité à la quantité.

Yann : La connectivité s’est incroyablement développé en parallèle de ce Baromètre et ces résultats ont vraiment du sens en entreprise.
Matthieu : Se déplacer n’est pas forcément une partie de plaisir, on a plus envie de rester chez soi que de courir les aéroports ou les gares. Si on peut faire un aller-retour d’une journée – et les transports d’aujourd’hui le permettent plus fréquemment – on préfère un voyage d’un jour. Ce résultat est valable aussi pour les journées d’études, qui sont aujourd’hui d’une ou 2 journée max.

Yann : Cela accompagne aussi une féminisation des professions. Est-ce que par hasard les femmes seraient plus efficaces ? Elles ont en tous cas le souci de rentrer chez elles.
Jordy : La tendance est double. Oui au bleisure, mais pas systématiquement. Quand on peut faire une découverte, oui ; quand on réaise toujours les mêmes déplacements sur les mêmes segments, non.

Yann : Rester sur place peut-être moins cher que de faire un retour plus tôt, si l’on inclue par exemple un samedi, par exemple sur des destinations un peu « exotiques ». Et comme en plus cela peut donner l’occasion de mieux connaître ses interlocuteurs ou leur culture, cela peut globalement donner de l’efficacité au déplacement. En termes d’assurances, cela ne pose pas de problème si le collaborateur prévient son entreprise de ses activités.
Jordy : L’objectif du Lab, c’est d’apporter du confort en plus de ce que prévoient les politiques voyages. Les applications vont dans ce sens, elles améliorent le confort globale du voyageur, en réduisant le stress notamment. Il reste que l’appli idéale n’existe pas encore. En face du besoin, réel, il y a pléthore de solutions partielles, pas une seule solution globale.

Matthieu : Il faut bien noter que 36% des voyageurs qui enregistrent via leur mobile, c’est quasiment une révolution !

Yann : c’est lié à la simplification de ces applis. La simplification provoque l’adhésion.
Matthieu : Ces chiffres démontrent une prise de conscience par le collaborateur de l’environnement de la mobilité. Mais il faut le reconnaitre, c’est encore mal géré, ces questions de téléphonies et il y a encore des voyageurs qui reviennent avec des factures de 5000€ !

Yann : Les systèmes de communication en réseau wifi fonctionnent, et ils sont de mieux en mieux connus et maîtrisés par les collaborateurs. Par ailleurs la législation européenne a bien évolué, et continue à le faire. Les entreprises ont atteint la maturité de gestion des contrats de télécommunication pour y intégrer la mobilité. Tout cela réuni, cela avance et contribue à la réduction des coûts.

Jordy : Par ailleurs les solutions alternatives pour réduire les coûts classiques se développent de façon à intégrer les problèmes de sécurité pour les transferts de données. C’est dans ce sens que nous venons de signer un partenariat avec RoamingbyMe.
Matthieu : Ce que l’on peut constater, c’est que ce ne sont pas les attentats qui provoquent le plus de stress mais bien les sources habituelles que sont les retards au RV avec un avion raté par exemple. Un peu étonnant, le stress sur le siège, la note de frais ou les mails à traiter au retour, compte tenu que de plus en plus de collaborateurs sont connectés pratiquement de bout en bout de leur déplacement et traitent les mails en quasi temps réel.

Jordy : On peut constater que les Français sont pragmatiques : ils ont statistiquement davantage de risque d’avoir une masse de mails à traiter au retour que de rencontrer un risque d’attentat.

Yann : L’option la plus utilisée sur les low-fare, ce n’est pas l’enregistrement du bagage mais le choix du siège. Cela est très cohérent avec le souci de voyager dans de bonnes conditions de confort. Sans doute pour être plus efficace, aussi.
Jordy : 1/3 des voyageurs qui n’a pas de contact avec l’agence, c’est sans doute dur pour nous, mais très intéressant. Et logique. D’une certaine façon, l’agence a robotisé beaucoup de choses, le voyageur se débrouille de plus en plus tout seul. Il faut noter que lui ajoutons des outils pour le faire, comme notre appli SAM qui répond avec efficacité à la réorganisation du déplacement en fonction du besoin.

Matthieu : C’est vrai que c’est la rançon de la technologie au service du déplacement professionnel. Le SBT intègre de plus en plus de choses, l’agence n’a pas à intervenir et peut se concentrer sur d’autres choses que la billetterie, comme la réassurance, la politique voyages, la réactivité et la tarification.