Benchmark, et si les contraintes étaient levées ?

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La France, qui n'a jamais aimé la communication concurrentielle, a toujours imposé un cadre rigide aux "benchmarkers" professionnels. Une situation très éloignée de ce qui se passe chez nos voisins européens pour qui comparer est essentiel à l'évolution de son entreprise. Fort de ce constat, plusieurs voix se font entendre chez les politiques pour demander une refonte des règles du benchmark et offrir ainsi une meilleure compétitivité pour nos entreprises.

Il serait illusoire de croire que personne ne benchmark en France. Des officines discrètes, plus proches de l'espionnage économique que de l'analyse de datas, se sont depuis longtemps penchées sur le besoin d'aller chercher des informations de référence un peu partout dans le monde. Certaines formes de Business Intelligence ne sont, ni plus ni moins, que l'expression d'une analyse poussée des résultats divers et variés d'un concurrent à des fins de positionnement stratégique. Beaucoup de contrats "Corporate" interdisent aux clients de communiquer les référentiels tarifaires utilisés et cherchent même à connaître le trafic engagé avec des compagnies concurrentes. D'autres exigent d'avoir une vision globale du volume des déplacements avant toute offre, au prétexte de mieux se positionner en matière de prix. Autant de petits coups de canif à des textes légaux souvent flous et peu précis.
Changer mais pour quoi faire ? Visiblement, le législateur veut offrir plus de concurrence aux entreprises. Le benchmark est le premier outil indispensable pour y arriver. Autre attente, le besoin de positionner notre pays face à la concurrence de ses voisins. Les acheteurs voyages allemands, membres de VDR, ont depuis longtemps établi des marqueurs économiques sur les grandes dépenses du voyage d'affaires. On connait ainsi le coût moyen de l'hôtellerie ou de la location de voiture pour quelques grandes entreprises germaniques. Enfin, libérer le benchmark, c'est imposer aux acheteurs, comme aux vendeurs, une réelle vision globale du marché concerné. L'exemple dans l'aérien est frappant : sur 200 sièges disponibles dans un avion, on décompte jusqu'à 85 tarifs différents. Et plus de 65 % des passagers ne payent pas le même prix en fonction de la date d'achat du billet, de l'éventuel contrat corporate, de la fréquence des voyages... Bref, si le projet voit enfin le jour, la France sortira sans doute d'un obscurantisme commercial qui nuit souvent à sa compétitivité.

Hélène Retout