Béziers, quand la politique flingue le MICE

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Les sorties hasardeuses du provocant Robert Ménard, Maire de Béziers, auront des répercussions indirectes sur l’activité Mice de Béziers. Peu d’entreprises souhaitent désormais associer leur nom à une ville où le sulfureux se marie à l’inquiétant. Et face à cette situation, plus politique que business, la presse européenne semble se régaler des propos, parfois extrêmes, du Maire. Côté agences, on préfère éviter le sujet. A juste titre d’ailleurs.

«Béziers n’était pas une destination que nous avions dans nos tablettes», précise le patron d’une agence événementielle qui ne veut pas que être cité pour éviter tout amalgame, «Sans faire de politique, ce n’est pas notre rôle, il faut dire que l’image qui est associée à la ville n’est pas bonne et les entreprises le savent bien. Elles non plus ne font pas de politique mais elles ne veulent pas prendre le risque de voir un jour leur nom utilisé comme faire valoir».

Une situation qui n’est pas nouvelle et que les villes communistes ont bien connu au début des années 80. Idem pour Orange et Carpentras trop associées à un mouvement politique. Orange avait dû essuyer quelques annulations dans la foulée mais avec le temps, la ville a retrouvé ses attraits.

Le sujet est sensible précise Alain Joyet sociologue d’entreprise: «Au-delà de l’image, accepter une destination à priori sulfureuse est susceptible de froisser les salariés comme les clients. Il faut être le plus lisse possible ou alors jouer le contrepieds comme les séminaires à Berlin avant la chute du mur». Et Serge Tapia, patron de l'agence «Au service de l’événement» de préciser qu'il «n’est pas rare de voir les clients dresser eux même une liste des destinations qu’ils ne veulent pas fréquenter pour des raisons multiples que ce soit par choix politique, climatique… La liste est longue».

Trouvez une ville neutre est facile, si l’on en juge les experts du MICE… Même beaucoup pensent aussi que le choix de la destination doit être pimenté d’un parfum d’originalité. «Berlin est devenue une ville très aimée des organisateurs de séminaires ou de convention», souligne ainsi Serge Tapia, «Elle porte en elle une histoire, parfois sulfureuse mais devenue le symbole de la démocratie retrouvée». Pour d’autres, Moscou et son passé communiste constituent une approche historique, très appréciée des voyageurs. «On ne peut pas s’appuyer sur une histoire passée pour rejeter un lieu. L’histoire c’est le temps d’avant» explique Alain Joyet…. Qui reste plus mesuré sur l’histoire actuelle, plus complexe, souvent manipulée et toujours dangereuse comme argument de choix.

«Il ne faut pas mélanger politique et business», conclut Alain Joyet, «mais quand la politique risque d’empiéter sur le business, il faut rester prudent et ne pas devenir soi-même provocateur. On a vu des salariés refuser de se rendre à Cuba alors que l’incentive se déroulait sur les plages de Varadero».

Faut-il alors se priver d’une destination sous prétexte qu’elle peut être mal interprétée ? Nos interlocuteurs sont unanimes pour répondre affirmativement à la question. Et pour résumer leur pensée, une expression venue de l’un d’entre eux «Pourquoi arracher des orties à mains nus alors qu’il y a des fleurs juste à côté». Tout est dit !