Bonne nouvelle : nous avons un plan neige. Mauvaise nouvelle, vous allez le payer !

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En moins de 2 heures, jeudi 13 janvier dernier, le Ministre des Transports et son équipe ont réglé les problèmes rencontrés à l'occasion des fortes chutes de neige de la fin décembre 2010. Une série de mesures a été prise pour éviter que ne se reproduisent les blocages aéroportuaires dont nous avons été victimes en France comme en Europe. Pour Aéroports de Paris, la facture est salée : environ 60 millions d'euros seront investis pour faire face à de nouveaux soucis météorologiques. Il serait cependant naïf de croire que l'entreprise prendra cette somme sur ses propres réserves comme cela est officiellement annoncé. Comme toujours dans le monde du transport aérien, ce sera aux passagers et aux compagnies de payer la facture. Paris, qui est déjà l'un des aéroports les plus chers au monde en coûts d'exploitation, risque bien de connaître une nouvelle flambée des tarifs que paieront, directement ou indirectement, et comme à chaque fois les voyageurs.

Je ne reviendrais pas sur cette incongruité qui consiste à mettre de la TVA sur les taxes et à voir une partie des sommes versées par les voyageurs repartir, à hauteur de 80 millions d'euros, vers le budget général de l'État. Une sorte d'impôt sur l'impôt. Car, et vous le savez, si le transport aérien est particulièrement bien surveillé, aucune des grandes décisions prises par l'État n'est payée par lui. Que ce soit en matière de sécurité, de formation des agents en charge du contrôle, de la police, des taxes aéroport... Bref, tout ce qui fait la vie d'un aéroport, est facturé aux voyageurs et aux compagnies. Bien évidemment, à service privé, fonds privés. Il ne serait donc pas choquant d'imaginer qu'à partir du moment où le voyageur et les compagnies aériennes payent, ils puissent aussi donner leur avis. Bien sûr, un aéroport n'est pas un kibboutz où chacun va participer à la vie de la plate-forme. Il faut des règles, des contrôles et des opérations précises qui permettent de vérifier la sécurité du transport aérien et des compagnies qui opèrent. A priori, tout cela est assez facile à mettre en œuvre. D'autant que depuis des années, chaque péripétie a donné lieu à l'ajout d'une taxe censée le problème ou du moins l'atténuer. Il y a ainsi les taxes antibruit et celles dédiées à l protection de l'environnement immédiat de l'aéroport. Il reste qu'à Paris, ces taxes et redevances, sont particulièrement élevées et parmi les plus chères d'Europe. Je ne pense pas que Francfort ou Heathrow soient moins bons que Roissy et moins efficaces à régler les problèmes qui se posent. La privatisation d'ADP née de la volonté de l'État de se désengager d'un service pourtant public, conduit aujourd'hui les professionnels de l'aérien à s'interroger sur les process mises en œuvre pour équilibrer les dépenses et assurer une gestion saine des fonds payés directement par les voyageurs. Sans doute, faudra-t-il repenser le système actuel dont on connaît parfaitement les limites qualitatives et dont l'explosion des coûts ne règle jamais la qualité du service apporté aujourd'hui par Roissy et Orly.

Marc Dandreau