Bruno Matheu chez Etihad versus Thierry Antinori chez Emirates

343

Les cartes sont désormais distribuées. Comme nous l’annoncions en avant-première le 7 octobre, Bruno Matheu s’en va bien chez Etihad au poste de Chief Operating Officer Equity Partners au sein de l'Etihad Airways Aviation Group. Face à lui il trouvera un ancien d’Air France, Thierry Antinori, devenu le numéro 2 d’Emirates. Une bataille franco française entre les compagnies du Golfe.

D’un côté, avec près de 30 ans d'expérience en management dans l'industrie aérienne mondiale, Bruno Matheu a passé 20 ans chez Air France-KLM. Une carrière faite d’espoirs déçus au milieu d’une bataille de titan entre Jean-Charles Spinetta et Pierre-Henri Gourgeon. Dommage collatéral de l’affrontement, Bruno Matheu - pourtant présenté comme le possible successeur de PH Gourgeon - a vu finalement arriver Alexandre de Juniac comme patron. De fait, plus aucun poste d’avenir ne pouvait s’offrir à lui. Voilà des semaines que l’on annonce son départ. Première salve l’été dernier où il était annoncé chez Veolia. Manqué. L’homme n’est pas toujours facile et s’est créé quelques inimitiés chez Delta Airlines ou KLM. Il était évident que son départ était inscrit dans l’ordre des choses. Sa fonction est décrite dans un communiqué publié par Etihad: il "dirigera les développements stratégiques pour optimiser les performances de l'entreprise, les revenus et les synergies de coûts entre Etihad et ses partenaires financiers à travers le monde, et assurera la direction stratégique des partenaires aériens dans lesquels Etihad Airways a une responsabilité de gestion". Et les critiques fusent "Matheu face à Antinori, la bataille est perdue d'avance" !.
Il reste désormais à savoir quelle position il va adopter face à Air France, partenaire d'Etihad. Au sein de la compagnie française, on commence à s'interroger sur le bien fondé de cette relation avec une compagnie du Golfe qui achète à tout va en Europe.

Pour Thierry Antinori, l’enjeu est différent. Pour le « petit prodige de l’aérien » (c’est ainsi que ses équipes de la Lufthansa le désignait), le poste de dauphin de Tim Clark, le boss actuel d’Emirates, est acquis. Sa méthode : écouter et convaincre. Ses armes ? Le travail d’équipe. Là où Emirates mettra de l’imagination, Etihad de son côté aligne des moyens financiers. Deux visions, deux méthodes qui désormais vont s’affronter au milieu du désert.

Enfin, une autre surprise attend la compagnie d'ici la fin de l'année... Et là aussi, c'est vers la concurrence qu'il faudra regarder. Nous ne manquerons pas de vous en dire plus prochainement.