Bye bye Hong Kong, bonjour Shanghai

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Il en est des villes comme des modes : elles quittent le devant de la scène pour laisser leur place à de nouvelles. Personne ne dit qu’elle ne retrouveront pas leur luxe d’antan mais les voyageurs d’affaires sont cruels : ils vont là où le devoir économique les appelle. Après avoir été pendant des décennies […]

Il en est des villes comme des modes : elles quittent le devant de la scène pour laisser leur place à de nouvelles. Personne ne dit qu'elle ne retrouveront pas leur luxe d'antan mais les voyageurs d'affaires sont cruels : ils vont là où le devoir économique les appelle. Après avoir été pendant des décennies la seule et efficace porte d'entrée de la Chine du Sud, Hong Kong laisse lentement mais sûrement cette place enviée à Shanghai. Et si l'on en croit le "quotidien du peuple", la ville a désormais toutes les qualités pour devenir la fenêtre commerciale de la Chine.
Depuis 1991, la croissance de Shanghai est à deux chiffres. Rien de bien surprenant car 1991, c'est l'année des réformes économiques engagées dans le pays et qui ont très rapidement permis à la ville de se développer. La rivalité avec Hong Kong est désormais permanente. Si l'ancienne colonie britannique, aimée des touristes, est plus éprise de liberté, force est de constater qu'en matière économico-politique, Shanghai est plus proche de la mère patrie et plus attractive pour les investisseurs. Et par contrecoup, pour les voyageurs d'affaires, qui apprécient la diversité, le modernisme voire la "branchitude" d'une cité qui a compris qu'étonner donnait de la personnalité. Avec l'exposition Universelle, Shanghai sature mais aussi explose et surprend. On découvre, au-delà du savoir faire des pays exposants, ce que le mot "croissance" veut dire. Et les entreprises internationales ne s'y trompent pas en implantant leur représentation chinoise dans cette ville qui grossit d'année en année pour ne pas dire de jour en jour.
Que faudra t-il retenir de cette ville une fois que le show international sera terminé, fin octobre ? Qu'elle reste le premier port au monde en terme de marchandises échangés, qu'elle a doublé sa capacité aéroportuaire, qu'elle détient aujourd'hui 11% des échanges financiers entre l'Occident et la Chine ? Sans doute mais cela ne suffit pas. Voilà désormais que la ville veut également être reconnue pour sa culture, ses futurs grands musées, son sens de l'innovation. Mais plus encore, et ce sont les voyageurs d'affaires qui le disent : "Shanghai a compris que le monde la regardait et souhaite aussi regarder le monde". Sans doute l'antichambre qui transforme une ancienne cité historique en mégalopole indispensable à l'économie mondiale.

Hélène Retout