C’est vous qui le dites : le piston prime sur le talent

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Une enquête réalisée par Sky prods, une société spécialisée dans la découverte de nouveaux talents dans les métiers culturels, vient confirmer ce que tout le monde pense déjà : le piston prime sur le talent. Nous sommes 88 % à penser cela, même si 94,7 % d'entre nous restent persuadés que l'on peut réussir dans la vie sans piston. À bien lire le détail de l'étude, on se rend rapidement compte que si le piston est présenté comme essentiel par les Français, il est loin d'être le seul moteur d'une carrière professionnelle réussie. C'est rassurant.

A priori je reste persuadé - comme 84 % des personnes interrogées - que nos stars ont été pistonnées pour réussir. Comme disait Charles Aznavour dans l'une de ses chansons : «Je me voyais déjà en haut de l'affiche, je n'ai pas eu de chance... ». Car et c'est acquis pour 66 % d'entre nous, l'absence de chance conduit souvent à l'absence de piston. L''étude livre d'autres résultats intéressants comme le fait qu'un Français sur cinq refuse d'être pistonné par principe ou qu'un sur trois ne pistonnera jamais ses collègues de travail. Autre découverte, à la question : si vous deviez rattacher le mot "piston" à un pays, auquel penseriez-vous ? Loin devant, avec 41% des voix, près d'un Français sur deux cite la France comme pays qui incarne le plus le piston. Derrière suivent les Etats-Unis (13%), l'Italie (8%), la Russie (4%), l'Angleterre (3%), l'Afrique (3%), la Grèce (3%) et la Suisse (2%). A contrario, lorsque l'on demande a quel pays rattacher le mot talent, ce sont les Etats-Unis qui arrivent en tête des réponses pour un Français sur quatre (24%). Derrière suivent la France (18%), l'Italie (8%) , le Japon (6%), l'Allemagne (4%), la Chine (4%), le Brésil (3%) et l'Angleterre (3%).
La grande majorité des Français (86,5%) serait prête à pistonner des membres de leur famille ou leurs amis et 63,2% avouent qu'ils ont déjà été pistonnés dans leur vie personnelle ou professionnelle (dont 14,8% plusieurs fois). Rien que du très classique car plus de 80% d'entre eux restent persuadés qu'ils doivent leur situation à leurs qualités professionnelle. Tout un paradoxe !
Que nous apprennent ces chiffres ? "A priori", selon Alain Joyet, sociologue d'entreprise, "Ils confortent cette idée bien française que la chance et le piston sont les deux éléments essentiels d'une carrière réussie. On voit d'ailleurs que les stars ne sont pas jugées selon leur talent mais pour leur capacité à se faire aider dans leurs évolutions professionnelles. Autre remarque, si le piston est partout, 95 % affirment cependant que l'on peut réussir sans ! Etonnant ".
L'approche, il est vrai est un peu dangereuse tant elle radicalise la seule notion de Networking aux dépends du seul talent. On sait pourtant et depuis longtemps que tous les pistons du monde ne valent rien s'il n'y a pas derrière un minimum de savoir-faire. Faut-il alors lire ces chiffres comme la simple expression d'une jalousie face à ceux qui sont parvenus au sommet de la pyramide ?

Marc Dandreau