Camarades voyageurs, tenez bon !

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La grève qui vient de s’engager à des relents de combat des chefs. D’un côté des compagnies aériennes en fortes difficultés économiques, de l’autre des pilotes, certes soumis à une pression professionnelle difficile, mais dont le salaire sur la fiche de paye est bien supérieur à celui des bagagistes et autres personnels au sol. Je reconnais que la responsabilité et le savoir aussi ! Mais en période de crises, vivre en «petits privilégiés» face aux difficultés de tous, c’est irresponsable !

Désolé de le dire, mais le politiquement correct me gonfle. Moi qui ne suis pas un fervent défenseur du « tout libéral », je finis par admirer Margaret Thatcher (pas pour tout quand même) et je crois de plus en plus que la spirale sociale ne peut être brisée que par le rapport de forces. De quoi parle-t-on aujourd’hui ? D’un texte qui vise à organiser les grèves. Personne n’a dit que ce droit fondamental était supprimé dans l’aérien ! Qui a écrit que les professionnels de l’aérien devraient travailler deux fois plus ? Qui a accusé les pilotes, les hôtesses ou les stewards d’être des privilégiés qui gagnent leur vie sans travailler ? Personne car je ne crois pas que le problème soit là. Désolé, Mesdames et Messieurs les PNC mais vos conditions de travail, même avec des contraintes et des services de 12 ou 15 heures d’affilés, ne me semblent pas si terribles que cela ! Je vous invite à regarder autour de vous. Certes votre métier n’est pas facile, la fatigue du décalage horaire et des nuits blanches est pesante, mais croyez-vous que se lever à l’aube, faire deux heures de train, 8 heures de travail pour gagner 1265 € soit plus simple ? Oui je crois en la solidarité sociale, à celle entre nous, entre toutes les entreprises françaises. Je crois à cette possible union en cas de crise, pour notre avenir et celui de nos enfants. En bloquant les vols vous creusez, sans même y penser, le chômage. Les PME/PMI qui ne peuvent aller vendre à l’étranger se fragilisent avant de disparaître. Le tourneur fraiseur des Vosges, qui se soucie peu de votre mouvement, ne se doute pas que son avenir est entre vos mains.
Vous pouvez me traiter d'ultra libéral, voire même de « facho », mais je finis par croire qu’il faut casser tout cela pour reconstruire sur du concret, du réalisme et non pas du seul corporatisme. Oui je pense que vous ne mériterez notre respect qu’en nous respectant. Votre grève d’aujourd’hui est stupide, inutile et sans intérêt pour notre avenir économique commun. La mort ou la faiblesse de notre business signera la vôtre. Je dis aux voyageurs comme aux entreprises, tenez bon, ne cherchez pas à alimenter un conflit qui n’a pas d’autres finalités que de construire le bonheur de quelques-uns sur le malheur de tous les autres.

Marcel Lévy