Charges et surcharges

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Les annonces régulières des surcharges aériennes en raison du prix élevé du pétrole, sèment le trouble chez les responsables français du voyage d’affaire. Qu’il s’agisse de tarifs négociés ou d’achats ponctuels, les 20 à 25% de hausse constaté sur le coût d’un billet viennent rappeler brutalement qu’un budget, une fois établi, ne peut «yoyoter» sans […]

Les annonces régulières des surcharges aériennes en raison du prix élevé du pétrole, sèment le trouble chez les responsables français du voyage d’affaire. Qu’il s’agisse de tarifs négociés ou d’achats ponctuels, les 20 à 25% de hausse constaté sur le coût d’un billet viennent rappeler brutalement qu’un budget, une fois établi, ne peut «yoyoter» sans conséquence sur les choix.
Dans les petites et moyennes entreprises qui travaillent souvent au coup par coup, la hausse du prix des billets d’avion n’est pas encore devenue un motif d’annulation de missions. Le déplacement, même imputé à un budget précis, est souvent l’ultime moyen de décrocher un contrat ou de conforter un client. Pas question d’y renoncer. Pour les entreprises de taille importante, habituée à une gestion analytique du voyage d’affaire, les réunions de crise portent plus sur la liste des déplacements à annuler que sur les mesures à prendre pour financer les surcoûts. Dans les très grosses entreprises aux marchés internationaux et cotées en bourse, même si elles sont peu ou pas touchées par la crise économique, les décisions sont plus directes : diminution sensible du nombre de voyages, mise en place de systèmes de communication électronique, pression accrue sur les bureaux décentralisés. Bref, la hausse du prix du pétrole risque bien de devenir l’arme absolue de la crise aérienne. Moins de passagers veut dire plus de coûts d’exploitation… Moins d’avions qui volent limite l’offre et conduit inévitablement à une hausse des prix. Le cercle vicieux qui s’engage est inquiétant. Peut on alors trouver une solution. «Non», répondent les experts qui soulignent que peu de spéculateurs sur le pétrole sont actionnaires de compagnies aériennes. Trop risqué. Et Pier Muschken, spécialiste américain incontesté de l’aérien, de conclure «La crise annoncée par IATA et liée au pétrole aura plus de conséquence sur l’économie mondiale que sur le seul domaine de l’aérien. Une compagnie qui tousse, c’est du commerce et des emplois en moins. Même si la crise débute dans les airs, les conséquences au sol pourraient être incalculables».

Marcel Lévy