Combien de temps faudra t-il à Etihad pour entrer au capital d’Air France ?

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Contrairement à ce que vous pourriez croire, cette question n'est pas de moi. Et c'est justement parce que l'on ne prête qu'aux riches que cette interrogation semble plaire au microcosme aérien international. A la base, il y a Abu Dhabi, assis sur un tas d'or et prêt à investir dans un grand nombre d'activités en Europe comme aux États-Unis. L'émirat, membre de l'entité des Emirats Arabes Unis, ne cache pas son intérêt pour des marques à forte valeur ajoutée ayant une histoire riche mais un avenir plutôt compliqué.

Le prince Khalifa ben Zayed Al Nahyane, qui pèse un peu plus de 14 milliards d'Euros, ne cache pas son plaisir de voir Abu Dhabi citer à longueur de journée dans les grands projets économiques qui se mettent en place dans le monde. Qu'importe la justesse de l'information, cette reconnaissance financière est déjà un succès. Après l'assistance bancaire à Dubaï pendant la crise de 2009 (et sans doute indirectement à Emirates, dont on dit qu' Abu Dhabi possèderait une partie du capital), c'est au tour des compagnies aériennes européennes et indiennes d'être la cible, réelles ou virtuelles, des attentes économiques du Golfe. Dernière en date, celle qui concerne Air France, son rapprochement avec Etihad et sa volonté de voir Airberlin rejoindre Skyteam. A priori, et compte tenu de l'état économique de la compagnie française, on imagine aisément que les moyens d'Abu Dhabi permettraient très largement de revenir à l'équilibre par un simple apport de capitaux.
Imaginer cette situation est considéré aujourd'hui par Air France et Etihad comme une simple vue de l'esprit. Une pure invention journalistique. Une dérive simpliste pour qui connaît bien le monde de l'aérien. Mais voilà, c'est au sein même des banques d'Abu Dhabi que les experts évoquent la possibilité pour Etihad d'arriver au capital d'une compagnie comme Air France pour l'aider à sortir d'une situation économique complexe. Le Qatar apporte quotidiennement des fonds à l'économie française sans que personne réellement ne s'en offusque. Qu'y aurait-il donc de mal, à une époque où le transport aérien oblige à des consolidations et à des regroupements, à voir une entreprise comme Air France s'associer capitalistiquement parlant à Etihad en intégrant Airberlin et pourquoi pas, d'autres compagnies aériennes européennes ? On avait parlé voici quelques temps de LOT, voir même d'Alitalia. Avouez que cet ensemble de compagnies ferait un groupe international loin d'être négligeable.
Mais je vous l'ai dit, il ne s'agit là que d'une pure vision romanesque du transport aérien. À moins que l'histoire, qui offre un perpétuel renouvellement des faits, ne me donne raison d'ici quatre ou cinq ans comme elle le fit avec les auteurs de science-fiction qui prévoyaient dans les années 50 que l'on irait un jour faire un tour dans la lune. Les rêves - même les plus fous - ont souvent une part de réalisme. Il suffit d'attendre.

Marcel Lévy