Comment faire pour éviter le terrorisme écologique ?

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Il n’est plus possible d’ouvrir le moindre journal, d’écouter la moindre radio ou de regarder la plus petite émission de télévision sans subir à grands coups de vérités lapidaires la tendance "green quelque chose" qui balaye les esprits et s’impose comme pensée unique. Hier, j’ai appris que l’on pouvait "slow surfer" sur le net pour […]

Il n'est plus possible d'ouvrir le moindre journal, d'écouter la moindre radio ou de regarder la plus petite émission de télévision sans subir à grands coups de vérités lapidaires la tendance "green quelque chose" qui balaye les esprits et s'impose comme pensée unique. Hier, j'ai appris que l'on pouvait "slow surfer" sur le net pour utiliser moins de ressources et consommer à peine de quoi faire voler un colibri pendant quelques secondes. Je n'ose plus respirer, ni même me doucher car j'ai appris que l'eau va manquer. Alors voyager ? Malheureux, vous voulez la fin du monde ?
Je sais, je sais : mes enfants, l'avenir, le carbone, la terre, les ressources et tout le reste. Comme me l'expliquait un vendeur de la FNAC qui cartonne depuis deux mois en vendant des écrans plats: "L'écologie, on verra tout ça après la coupe du monde". Chaque jour l'un de mes fournisseurs se découvre encore plus vert que la veille. Mon boulanger ne veut plus faire cuire son pain au feu de bois (la déforestation, mon bon monsieur). Mon pâté est tellement bio et.. quasiment sans viande, qu'il ressemble à un Mentos sans sucre. Depuis un an, j'eco-réfléchis, j'éco-conduis, j'eco-travaille. Bref pour laisser vivre la planète, je me surveille. Rien n'échappe à cette vague où marketing et conviction font bon ménage. La voiture est de plus en plus verte et s'arrête au bout de 100 km pour deux à trois heures de charge, pratique en rendez-vous. Le train est "éco comparé", mais pour faire les rails, l'acier des caténaires, les sièges des fauteuils, le plastique de la décoration et produire de l'électricité, il faut bien des ressources, non ? Que dire de ceux qui montrent l'avion du doigt. Pour aller travailler à Vancouver ou à Montréal, les Converse ou les Adidas, c'est short. Hormis Compostelle, les routes pédestres ne sont guère toutes favorables et indiquées aux voyageurs d'affaires. Bref, quand ma femme m'a proposé de repeindre le salon en vert, j'ai hurlé !
Et pourtant, j'y crois profondément à la prise de conscience et à l'intérêt général. Je crois profondément aux efforts de chacun pour limiter l'excès, l'exagération et tout le reste. Je suis sensible à la nature et à ses vertus. Je reste convaincu que l'environnement est un devoir. Mais je hais l'"ayatolisme forcené" et les grands principes qui me tombent du ciel comme une vérité trop mure. Je veux me tromper de poubelles sans avoir honte. Au contraire, de mon erreur j'en tirerais un apprentissage. Un ami Travel Manager me racontait qu'il y a dix mois, son entreprise à accepté de compenser à hauteur de 50 % les voyages de ceux qui le souhaitaient. Il n'a eu que 10 dossiers. Et pour cause: les 50% restant étaient à la charge du voyageur.
Comme quoi, les grandes idées et les faits sont deux choses bien différentes.

Marcel Lévy