Comment le BTO va-t-il prendre le boulot des travel-managers !

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On l’a vu ces derniers mois, plusieurs professionnels du travel management français ont perdu leur emploi au bénéfice d’une gestion externalisée de la problématique « voyages ». Une situation qui, selon les grands cabinets d’achats européens, serait loin d’être un phénomène de mode et qui, au contraire, devrait même s’amplifier ces prochains mois.

Ni l’âge, ni les compétences ne sont en cause. Les deux responsables de ce mouvement sensible se nomment souvent BTO et Réorganisation des services achats… Sans oublier depuis peu un nouveau duo de choc, DSI/Direction des achats. Le BTO (Business Travel Outsourcing) que l’on présente également comme « le Travel business process outsourcing » consiste à transférer la gestion des voyages d’affaires d’une entreprise à une société externe qui ne sera pas forcément un cabinet de consulting. Sa mission : établir des process de fonctionnement qui seront appliqués en interne par un service achat ou toute autre structure administrative de l‘entreprise.

A la base, cette « décentralisation » des achats repose sur un cahier des charges généralement établi par un audit indépendant. L’analyse des dépenses par poste, le prévisionnel annuel et les attentes sont ainsi mesurés pour permettre la mise en place d’un contrat d’objectif, confié à des sociétés externes. La rémunération du gestionnaire se fait en fonction du niveau d’économies atteint et des paliers d’objectifs réalisés.

Dans d’autres cas, on missionnera un professionnel du domaine, le temps de remettre à plat le dossier « travel » avant d’appliquer à la carte les process établis. Sa mission devient plus large : de la préparation de la négociation à l’établissement de la politique voyages sans oublier l’intégration des outils de reporting. Plus d’une quarantaine de professionnels, souvent issus de très grandes entreprises, sont aujourd’hui engagés dans ce type de relation de travail basé sur l'interim.

Au-delà, face à la montée en puissance technologique du Business Travel, il n’est pas rare de voir des DSI prendre en charge l’installation d’outils négociés entre un service achats et un fournisseur. Le tout via un cabinet d’outsourcing dont la finalité sera de garantir le choix et le bon fonctionnement de l’ensemble. Au quotidien, et les exemples le prouvent, l’organisation est tentante. Si dans les grandes entreprises du CAC 40, elle est peu réaliste, elle s’amplifie dans les ETI et les PME/PMI. D’autant que le BTO permet de confier l’activité voyage à un non spécialiste du travel, suffisamment au fait des achats de son entreprise. L’économie d’un poste n’est pas négligeable.

Cette vision du BTO est dangereuse pour la spécificité professionnelle et le niveau de rémunération des professionnels du voyage d’affaires au sein des entreprises. Les récentes études démontrent les écarts importants de salaires entre les fonctions thématiques et les postes élargis, plus proches des attentes de l’entreprise. «Trop de spécialités risquent de tuer la spécialisation», disait en souriant Nicole Notat, l’ancienne patronne de la CFDT. Sans doute avait-elle raison car au final, le quotidien le prouve.

Marcel Lévy