Concur veut accélérer l’intégration des fournisseurs dans TripLink

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On aurait pu croire que le mot « open booking » serait largement utilisé à l’occasion de Concur Fusion Exchange qui s’est déroulé ce 8 septembre à la Cinémathèque de Paris. Il n’en fut rien. Pudeur ? Crainte de bousculer le marché ? Prudence ou attentisme ? Sans doute un peu de tout cela. Mais sur le fond, il n’y a pas photo, les solutions présentées ouvrent la porte à des achats qui dépassent le cadre du seul SBT.

En deux semaines, les deux événements forts de la rentrée, Univ’AirPlus et Concur Fusion Exchange auront réconcilié les acheteurs avec les grandes messes des fournisseurs. Tous les ingrédients du succès étaient réunis : des contenus de qualité, des intervenants précis et clairs et un public venu en nombre pour comprendre les évolutions d’une solution Travel & Expense utilisé par huit des dix premières entreprises du CAC 40. La force de Concur, c’est de ne pas chercher à faire ce qu’elle ne sait pas faire. Pierre-Emmanuel Tetaz l’a rappelé : "Nous faisons depuis le début des solutions pour le voyage d’affaires et nous ne souhaitons pas nous engager dans ce qui n’est pas aujourd’hui notre cœur de métier".

Que faudra-t-il alors retenir de cette édition ? Sans doute les déclarations d’amour croisées entre Concur et SAP. Les deux entreprises n’en finissent plus d’expliquer ce rapprochement au point d’oublier qu’il s’est fait en décembre dernier et qu’aujourd’hui, la plupart des visiteurs sont venus pour les solutions plus que pour l’historique. Au-delà, ce sont les explications et les démonstrations des différentes solutions qui ont particulièrement intéressé les participants venus regarder de plus près ce que pouvait être cet open booking intelligent. Côté révélations, peu ou pas de grande surprise. On savait déjà que Concur allait intégrer dans TripLink des fournisseurs locaux comme Capitaine train, Business Table ou CityBird. Le patron français a rappelé leur importance au sein de la plate-forme et annoncé quelques surprises pour les mois à venir. En quelques mots, il est également revenu sur les bugs des derniers mois, lorsque la solution a été repensée: "Nous avons compris vos soucis et les erreurs qui pénalisaient l’utilisation quotidienne de la solution et nous avons tout fait pour y remédier", reconnait-il avant de souligner: "Aujourd’hui tout est stabilisé et nous avons pris soin d’intégrer une communication soutenue avec nos clients pour expliquer les évolutions permanentes de la solution".

Belle prestation, attendue et remarquée, de Bernard Hébert - Vice-président – Informations et Systèmes d’Affaires (ISA) du Cirque du Soleil. En quelques phrases, pimentées de cet accent québécois qui plaît tant aux Français, il est venu expliquer comment les clowns aussi ont besoin d’organisation. "On ne passe pas de 71 personnes il y a 30 ans à 4000 sans un minimum d’outils qui facilitent la gestion, le suivi des spectacles temporaires et permanents et plus de 15 000 fournisseurs dans le monde", commente-t-il en rappelant les 12,5 millions de billets vendus annuellement. Long plaidoyer pour les solutions proposées par SAP, Concur et Aruba entre autres. Au final, sur le budget global de l’IT le coût de ces solutions ne dépasse pas les 10%. "Croyez-moi", termine-t-il : "il y a des dépenses bien plus élevées au sein du Cirque du Soleil, je ne regrette pas l’investissement qui a été fait et qui permet, entre autres, à une seule personne de traiter et de consolider l’ensemble des notes de frais".

Seule petite déception de la matinée, une table ronde dont la finalité était d’expliquer la montée en puissance du digital dans l’offre proposée aujourd’hui aux acheteurs voyages. Un débat qui faisait la part belle à cette « économie du spectaculaire » tant décriée par Waren Buffett qui reproche aux analystes de se laisser endormir par des chiffres mirobolants qui masquent la face cachée des offres numériques proposées sur le marché. Certes, la présence d’Uber, d’AirBnb, Capitain Train a été un atout pour mieux comprendre le fonctionnement de ces nouveaux services, basés sur la mise en relation plus que sur la propriété en propre des biens qui sont commercialisés.

De cette table ronde, deux moments forts néanmoins. Le premier avec Vitod Horodecki, travel manager monde de Cap Gémini, qui a balayé les visions futuristes au profit du réalisme, celui du terrain, avec ses contraintes et ses obligations. Mais il a soulevé un point plus important comme l’assurance des voyageurs au-delà des simples garanties données par les fournisseurs. "Nous sommes aujourd’hui engagés dans le digital, c’est un fait", explique-t-il, "Mais nous ne devons pas nous arrêter à cette satisfaction, il faut aussi vérifier, valider, déployer les offres. C’est loin d’être aussi simple".
Autre intervention remarquée, celle de Jérôme Fouque, le patron français d’Egencia. Il a rappelé en quelques mots le poids de la relation directe entre le client et la TMC qui dépasse le simple cadre des offres collaboratives même si, depuis quelques mois, il affirme prendre en compte les demandes des clients en faveur des nouvelles sociétés comme Uber ou AirBnb. "Nous avons un lien avec nos clients qui téléphonent et attendent de nous une réponse, un service", explique le patron français de l'entreprise, "La technologie oui, c’est même la base d’Egencia. Mais dans le fond, nous délivrons du service, ne l’oublions pas".

L’après-midi consacré aux ateliers pratiques n’a pas fait l’impasse sur le sujet du moment : l’intégration de Lufthansa dans la solution triplink. Si sa disponibilité n’est pas encore confirmée (on parle de 2016) le résultat, à l’évidence, règle la bataille des 16 € et une partie de l’accès aux tarifs négociés non concernés directement par la hausse des frais de service. Pour les acheteurs présents, la publication des tarifs négociés reste une interrogation face aux mesures économiques imposées par la compagnie allemande.

Que retiendrons les participants ? Interrogés à la pause, beaucoup d’entre eux, proches des préoccupations financières de l’entreprise, comptent à l’évidence sur les solutions technologiques pour faciliter la gestion des déplacements. Un équilibre entre le coût et son apport dans les systèmes d’information de l’entreprise. Des approches traitées plus discrètement par les commerciaux de l’entreprise qui, eux, évoquaient plus volontiers cet open booking source d’économies.